Rechercher :  
 

Archives

<< Page précédente

Conservation et réhabilitation des parcs nationaux des Kundelungu et de l'Upemba
date : 01/03/1991
 
  CONSERVATION ET REHABILITATION DES PARCS NATIONAUX


DES KUNDELUNGU ET DE L'UPEMBA (SHABA, ZAIRE)





















J.P.d'Huart, Dr.Sc.
Mars 1991.











Rapport d'une mission d'évaluation
dans le cadre du Projet 660-0125/GASPP de l'USAID



Document de base pour une requête de la République du Zaïre en vue d'un projet d'appui de la Commisssion des Communautés Européennes



RESUME




1. Ce document rappelle l'extrême diversité biologique reconnue par le monde scientifique dans la région des parcs nationaux du Shaba. Ceux-ci sont les conservatoires d'une mosaïque de milieux et d'espèces dont ils sont souvent les derniers refuges au Zaïre. Des investigations scientifiques complémentaires sont souhaitées pour compléter les inventaires réalisés dans le passé et établir le statut actuel des populations animales.

2. L'histoire du Shaba a eu des conséquences marquantes sur l'intégrité des parcs. Le développement industriel de la région, l'afflux de populations nouvelles en bordure des parcs, les troubles politiques et le développement sans précédent d'un commerce de viande de chasse ont eu un impact significatif sur la faune sauvage. La pression de braconnage et les revendications territoriales dans certains secteurs font encore peser une lourde menace sur l'avenir des parcs du Shaba.

3. La capacité de gestion de l'Institut Zaïrois pour la Conservation de la Nature (IZCN) au Shaba a été dépassée par l'ampleur et la diversité des pressions extérieures. L'insuffisance des moyens mis à la disposition de ces parcs explique partiellement l'appauvrissement sensible de la faune depuis dix ans et la dégradation du matériel et des infrastructures.

4. La mauvaise conjoncture économique actuelle empêche l'IZCN de rétablir cette situation en améliorant les salaires, en fournissant équipement et matériel, en formant et en motivant son personnel. La collaboration des autorités locales, chargées de faire appliquer la loi, est largement insuffisante et va parfois à l'encontre de la conservation de la nature.

5. Malgré leurs potentialités exceptionnelles, ces deux parcs ont perdu beaucoup de leur attrait touristique majeur, la grande faune, décimée par le braconnage. L'état des routes et des infrastructures d'accueil est partiellement responsable de cette défection.

6. Ce document présente une description des parcs, de leur personnel et de leur organisation, de leurs infrastructures et de leur matériel. Il identifie pour chaque parc les problèmes actuels qui entravent son développement. Ces problèmes sont catégorisés sous les thèmes suivants : lutte contre le braconnage et conditions de vie des gardes, manque d'équipement de brousse, état des moyens de communication, dégradation des bâtiments, manque de matériel.

7. Chacun de ces thèmes est discuté et fait l'objet de recommandations dans le cadre d'un apport possible du projet. Ces recommandations comprennent la fourniture d'équipement et de matériel spécifiques, la réhabilitation de pistes, de ponts et de bacs, la réfection et la construction de bâtiments, le développement d'initiatives touristiques nouvelles, la relance de cantines et de dispensaires, etc.

8. Le personnel expatrié prévu pour ce projet d'appui compte trois personnes chargées de l'organisation des opérations, de la supervision des chantiers et aménagements, de la formation de techniciens et de gardes, de la recherche scientifique et de la préparation d'un plan de gestion global.

9. Ce document insiste sur la nécessité d'un partenariat actif avec l'IZCN, sur la formation de responsables zaïrois et sur une amélioration du contexte socio-économique de la région, indispensables pour que ce projet soit un succès.

10. Ce document présente une estimation budgétaire dont le montant est évalué à 7.9 M. ECU, soit 6.4 US$,et une proposition de calendrier d'exécution sur quatre années. Une carte de la région concernée et une carte de chaque parc sont annexées à ce rapport.

TABLE DES MATIERES




Résumé i
Introduction ii
Termes de référence vii
Déplacements viii
Remerciements ix
L'IZCN dans la conjoncture actuelle x
Abréviations xii

A. P.N. KUNDELUNGU 1 B. P.N.UPEMBA 19
1. Description 1 19
1.1. Faune et flore 2 22
1.2. Potentialités touristiques 5 27
1.3. Personnel de gestion 7 28
1.4. Infrastructure et matériel
existants 8 32
2. Problèmes actuels 9 34
2.1. Braconnage et gardiennage 9 34
2.2. Equipement des gardes 11 36
2.3. Etat des pistes, ponts, etc. 12 37
2.4. Etat des bâtiments 13 38
2.5. Manque de matériel 14 39
3. Apports possibles du projet 15 40
3.1. Introduction 15 40
3.2. Equipement des gardes 15 41
3.3. Pistes et ponts 16 41
3.4. Réfections et constructions de
bâtiments 16 43
3.5. Fourniture de matériel 17 44
3.6. Autres initiatives 18 46

C. BUREAU DE COORDINATION REGIONALE 49

D. PERSONNEL DU PROJET 50

E. COUT DU PROJET 52

F. AGENDA DES ACTIVITES 59

Ouvrages de référence 60







INTRODUCTION




L'intérêt du monde scientifique s'est rapidement manifesté pour la grande diversité en faune et en flore découverte au début du siècle dans l'ancienne Province du Katanga. Bien que cette région connût un développement rapide en raison de ses richesses en minerais divers (tracé de routes, de chemins de fer et de lignes à haute tension, construction de barrages et creusement de mines, etc.), les puissances coloniales y créèrent dans ses parties les plus belles et les plus giboyeuses une série de réserves de chasse (réserve intégrale de chasse de la région des lacs du Lualaba en 1934, réserves intégrales de chasse de Sampwe et des Kundelungu en 1939); la chasse et la pêche furent strictement interdites ou réglementées dans certaines zones pour éviter l'excès de prélèvement (la chasse au damalisque sassaby et au lechwe noir dans la botte de Sakania fut interdite en 1930, et celle de l'antilope sable et l'antilope rouanne fut suspendue dans toute la "Province d'Elisabethville" en mai 1939 pour une durée de trois ans). Dès 1939 fut créé le Parc National de l'Upemba, sur 1.176.000 hectares entre les lacs du Luababa (la "dépression du Kamalondo"), les monts Kibara et le plateau des Biano, englobant une large portion de la vallée de la rivière Lufira - le plus vaste d'Afrique à l'époque.

Très tôt, de nombreuses missions scientifiques multidisciplinaires firent l'inventaire des richesses naturelles de cette région, et la littérature s'enrichit d'un nombre considérable de publications de haut niveau sur la géologie, la zoologie, la botanique et la climatologie du Katanga. La plupart furent publiées dans les séries scientifiques de l'Institut des Parcs Nationaux du Congo Belge et font encore aujourd'hui autorité en la matière. L'attention fut alors rapidement attirée sur l'extrême richesse , la diversité biologique élevée et le taux exceptionnel d'endémisme relevés au Katanga. Ces investigations scientifiques, confirmées par des explorations plus récentes (LIPPENS & WILLE, 1976; MALAISSE, 1969; DROOP, 1989) mirent en lumière l'interpénétration locale des distributions d'espèces caractéristiques des régions biogéographiques soudano-guinéenne et zambézienne.

Au cours de ces décennies, marquées par différentes convulsions socio-politiques plus ou moins graves, la région du Shaba eut à souffrir de nombreuses pressions de natures différentes qui affectèrent à des degrés divers l'intégrité de ces zones protégées. En réalité, des revendications territoriales et des occupations anarchiques provoquèrent une révision des limites du PNU, assortie de rétrocessions, tandis que les Décrets de 1975 - qui établissent les limites les plus récentes et qui sont toujours d'application - adjoignirent tant au PNU qu'au PNK de vastes Zonnes Annexes. L'instabilité politique que connut la région au début des années soixante entraîna une forte recrudescence du braconnage, facilité depuis par la disponibilité d'armes automatiques. L'insuffisance des contrôles à l'extérieur des zones protégées permit le développement d'un très important commerce de viande de chasse et de trophées, dont la valeur économique incita un nombre grandissant d'intervenants à s'y impliquer. La situation économique actuelle du Zaïre, couplée à une sérieuse pression démographique et à l'installation de populations originaires du Kasaï voisin, a encore aggravé le problème. La disponibilité de câbles et de pièces métalliques à la Gécamines, principale société minière du Shaba, facilite la confection de collets et de fusils. Des armes de guerre sont mises à la disposition des braconniers par des commanditaires attachés aux forces armées ou à la gendarmerie.

L'inflation galopante et l'insuffisance des salaires expliquent qu'un nombre grandissant de personnes se tournent vers la faune sauvage afin d'alimenter la demande en viande et en poissons. Les arbres aussi ont beaucoup souffert de la demande constante en bois de feu, et l'on observe un commerce très actif de charbon de bois acheminé par quantités énormes dans les grands centres à partir de localités distantes de 100 kilomètres.

Devant de telles menaces, l'Institut Zaïrois pour la Conservation de la Nature (IZCN) connaît de sérieuses difficultés pour remplir la mission de protection et de gestion qui lui a été confiée par l'Etat (cf. ultra). Au cours des vingt dernières années, l'IZCN a pu bénéficier de l'aide extérieure pour le développement de projets de coopération dans les parcs nationaux et sa Direction Générale déploie des efforts considérables pour inciter des bailleurs de fonds à contribuer à ses objectifs.

Mais si la quasi-totalité des parcs zaïrois profitent aujourd'hui du support de tels projets (1), les parcs du Shaba n'ont jamais bénéficié d'un projet d'appui spécifique d'une certaine durée. Dans le cadre de son programme de support pour la préservation de la diversité biologique, l'agence de coopération des Etats-Unis USAID a demandé au WWF une étude d'identification de projets au Zaïre. Le présent rapport s'inscrit dans ce cadre et la mission d'évaluation qui l'a précédé fait partie des activités du projet GASPP ("Gestion, Appui et Soutien aux Petits Projets") de l'USAID.

Ce rapport est complémentaire à celui de N. Seligman (1991) qui décrit la situation dans les zones voisines des parcs et formule des recommandations pour un futur projet USAID visant à amoindrir les différentes formes de pression sur ceux-ci par des activités de sensibilisation et de développement rural en périphérie.

Les pages qui suivent tentent de décrire de manière objective la situation que connaissent en 1991 les parcs du Shaba et le personnel de l'IZCN qui y est affecté. Elles n'ont la prétention ni de synthétiser l'historique complet de ces parcs ni de faire l'inventaire des connaissances scientifiques acquises grâce aux explorations et recherches passées. Elles ont pour but de présenter une "photo" réaliste et récente de la situation et de recommander les actions nécessaires pour réhabiliter les parcs de l'Upemba et des Kundelungu.

TERMES DE REFERENCE (1)




This consultancy is taking place within the context of collaborative efforts of EIL and WWF to develop conservation projects which seek to deal both the human and scientific aspects of the management of the national parks in Zaïre. The purpose of the consultancy of Mr J.-P. d'Huart is to survey the infrastructural needs of the Upemba and Kundelungu National Parks and to make specific recommandations on the interventions which are necessary to rehabilitate and up-grade the infrastructure of the parks.(...)
The consultancy work of Mr d'Huart will be to address the interior restructuring of the national parks, which are anticipated to include, but are not limited to the following :

* more guards with better pay and improved incentives for the work they do;
* primary school for staff children and dispensary for the staff and their families;
* basic and appropriate materials for patrols (...);
* transportation and vehicles (...);
* garage for vehicle repairs and spare parts;
* road improvements both inside and leading into the parks;
* radios and other communication equipment;
* repairs to existing buildings and construction of new buildings;
* installation of electricity at camp stations (...);
* building of tourist accomodations (...) and repairs to existing accomodations;
* fencing and other means of keeping livestock out of the parks;
* equipment and materials for education and scientific studies.
(...)

Mr d'Huart at the end of his consultation will include in his final report recommandations on the above listed activities and outline a calendar of activities with suggested cost considerations for the implementation of a strategy to improve the infrastructure of the national parks.

DEPLACEMENTS




29/01 : Bruxelles-Kinshasa

31/01 - 02/02 : contacts préparatoires à Kinshasa

03/02 : Kinshasa-Lubumbashi

04-05/02 : Lubumbashi

06/02 : Lubumbashi-Katwe (171 km)

07-10/02 : visites de la station et des P.P. dans le PNK
(558 km)

11/02 : Katwe-Lubumbashi (171 km)

12/02 : Lubumbashi

13/02 : Lubumbashi-Lusinga (392 km)

14-19/02 : visites de la station et des P.P. dans le PNU-Nord (640 km)

20/02 : Lusinga-Likasi (272 km)

21/02 : Likasi-Kayo (226 km)

22-26/02 : visites de la station et des P.P. dans le PNU-Sud (307 km)

27/02 : Kayo-Lubumbashi (346 km)

28/02 : survol Lubumbashi-PNK-Lusinga

01/03 : survol Lusinga-PNU-Lubumbashi

02/03 : Lubumbashi

03/03 : Lubumbashi-Kinshasa

04-07/03 : Kinshasa

08/03 : Kinshasa-Bruxelles

REMERCIEMENTS




Au terme de cette mission dans les parcs nationaux du Shaba, je tiens à remercier toutes les personnes qui, à titres divers, ont aimablement collaboré à sa réussite.

A la Direction Générale de l'IZCN, j'ai bénéficié du soutien total du Président Délégué Général Mankoto qui m'a permis d'avoir accès tant aux archives qu'aux publications de son Institut. Il a aussi délégué le conservateur Makabuza, Coordinateur Régional IZCN/Shaba, pour m'accompagner tout au long de cette mission; la gentillesse, la disponibilité et la profonde connaissance de terrain de ce dernier furent pour moi un avantage considérable.

Les conservateurs Mafuko (PNK), Batechi (PNU-Nord) et Mvula (PNU-Sud) ainsi que le chercheur Omari (PNK) n'ont ménagé aucun effort pour m'aider sur le terrain. M. R. Minne, consultant IZCN, m'a fait partager sa connaissance étendue de la région et de l'historique des parcs et a considérablement facilité mes séjours à Lubumbashi.

Le Dr J. Verschuren, ancien Directeur Général de l'IZCN et
M. A. Letiexhe, ancien Conservateur Technique, m'ont communiqué un grand nombre de documents, cartes et informations retraçant l'évolution des parcs du Shaba; ils ont bien voulu relire et commenter le premier "draft" de ce rapport. MM. Kelly (USAID/Kinshasa), Spake, Ngam et Sangwa (USAID/Lubumbashi) m'ont aimablement aidé à résoudre tous les problèmes logistiques de la mission.

Le Dr H. Mertens, Représentant du WWF au Zaïre, qui a activement préparé cette mission avec l'IZCN, m'a facilité tant les démarches que le séjour à Kinshasa. Enfin, l'hospitalité de la firme Tabazaïre, qui a mis son personnel et ses infrastructures de Kinshasa et Lubumbashi à ma disposition, m'a beaucoup aidé durant ce voyage.

Que toutes ces personnes trouvent ici l'expression de ma profonde gratitude.

L'IZCN DANS LA CONJONCTURE ACTUELLE




La responsabilité de la protection des aires protégées (parcs nationaux et domaines de chasse), y compris la recherche scientifique et le développement du tourisme, fut confiée à l'IZCN en 1969. La superficie totale des parcs existants est de 84.400 km2 et celle des domaines de chasse de plus de 100.000 km2; cette superficie représente plus de 8 % du territoire national, et le Président Mobutu a affirmé à plusieurs reprises l'intention du Zaïre de porter cette proportion à 15 %. L'IZCN compte environ 2000 employés dont 1300 gardes et conservateurs. Le financement de l'Institut provient essentiellement de trois sources :

- un subside du Trésor Public (salaires, fonctionnement, investissement),
- des recettes propres (tourisme, taxes, amendes, loyers, ...),
- l'intervention d'organismes extérieurs (projets de terrain, appui institutionnel, ...).

En 1989, les deux premières de ces sources représentaient environ 40 % et 50 % du budget de l'IZCN respectivement, pour un total approximatif de 2,3 millions de dollars US.
En 1985 déjà, des experts zaïrois, qui réalisaient un audit de l'IZCN pour le compte d'un projet PNUD, ont établi que ses ressources financières étaient nettement insuffisantes comparativement à la mission qui était confiée à l'Institut. Cet état de fait justifie entre autres la recherche par l'IZCN d'appuis extérieurs. Mais il peut expliquer également le fait que l'IZCN n'ait pas pu réaliser, au cours des années récentes, le renouvellement du matériel, l'entretien des infrastructures et les investissements nécessaires à sa mission. Cette carence fut toutefois limitée dans la mesure où la Direction Générale réussit dans le même temps à assurer une évolution des barêmes salariaux tout à fait satisfaisante par rapport au coût de la vie.

Malheureusement, cette situation a récemment empiré et l'IZCN connaît aujourd'hui de graves difficultés financières.
L'insuffisance des campagnes de promotion du tourisme dans les parcs du Shaba, couplée à la dégradation des infrastructures d'accueil et au piètre état des routes a provoqué une baisse très sensible du nombre des visiteurs et donc des recettes touristiques dans les deux parcs.
Le manque de ressources explique également que l'IZCN n'ait pas assuré la présence d'un effectif suffisant de gardes dans les parcs et les domaines de chasse du Shaba, ce qui entraîne partiellement le niveau élevé de braconnage, la diminution de la faune des grands mammifères et le désintérêt d'une partie des visiteurs.
La pauvreté des frais de fonctionnement et des budgets d'investissement alloués aux stations est responsable de la dégradation du charroi et des infrastructures, et de l'insuffisance de matériel de base et de rations pour les patrouilles de surveillance. Cette situation seule est déjà de nature à démotiver le personnel, mais elle est aujourd'hui aggravée par l'insuffisance des salaires par rapport au coût de la vie. En effet, l'inflation évolue si rapidement que l'Etat ne peut pas adapter le budget de l'IZCN en conséquence. Les salaires ne couvrent dès lors plus les besoins vitaux du personnel et de leur famille, ce qui entraîne non seulement le découragement et la démission de gardes, mais aussi le développement d'activités illégales parmi lesquelles on relève le "braconnage interne", la collaboration avec les braconniers ou le commerce de viande et de chanvre. Celles-ci sont facilitées par l'isolement des gardes dans les postes de patrouilles et le manque de contrôle exercé par les conservateurs, limités dans leurs moyens de déplacement. Cette tournure des événements peut prendre des formes inattendues : ici, les gardes sont dans l'incapacité de patrouiller plusieurs jours durant en raison des pluies car leur ration (farine de maïs) mouillée est impropre à la consommation; ailleurs, le conservateur s'abstient de révoquer ou de suspendre des gardes convaincus de faute grave car son personnel est déjà très limité et la procédure de remplacement par la Direction Générale est lente et aléatoire.

Afin d'assurer l'entrée de recettes - une politique que l'IZCN a stimulée dans tous les parcs -, les conservateurs tiennent à renforcer entre autres le prélèvement des taxes de passage et des "taxes sur la conservation de la nature" (droit de pêche dans les zones annexes) au risque de ranimer l'hostilité de la population locale.

On le voit, la situation est relativement sombre, mais le "moral des troupes" est heureusement maintenu par la détermination des conservateurs et leur loyauté vis-à-vis de l'IZCN. Le passage de N. Seligman et de moi-même a redonné espoir en un projet salutaire mais il faut être conscient de ce que les difficultés de l'IZCN dans ces parcs, si elles sont dues partiellement à un manque d'organisation et d'efficacité internes, sont aussi étroitement dépendantes du contexte spécifique du Shaba et surtout de la santé économique du pays.

ABREVIATIONS UTILISEES




BM Banque Mondiale

CEE Communauté Economique Européenne

EIL Experiment in International Living

GASPP Gestion, Appui et Soutien aux Petits Projets

GTZ Gesellschaft fur Technische Zusammenarbeit

IZCN Institut Zaïrois pour la Conservation de la Nature

PNK Parc National des Kundelungu

PNU Parc National de l'Upemba

PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement

SZF Société Zoologique de Francfort

UICN Union Internationale pour la Conservation de la Nature

UNESCO Organisation des Nations Unies pour l'Education, les Sciences et la Culture

USAID United States Agency for the International Development

WCI Wildlife Conservation International (New York Zoological Society)

WWF World Wide Fund For Nature


A. LE PARC NATIONAL DES KUNDELUNGU





1. DESCRIPTION




Le Parc National des Kundelungu est situé entre 10°10' et 11°10' de latitude sud et 27°30' et 28°10' de longitude est.
Le Parc fut créé par l'Ordonnance-Loi n° 70-317 du 30 novembre 1970 et sa délimitation fut revue par l'Ordonnance n° 75-097 du 1er mars 1975. Cette dernière adjoint dans son périmètre une grande "Zone Annexe" qui jouxte le Parc sur son flanc ouest, dans la vallée de la Lufira et qui en fait partie intégrante.
La réserve naturelle intégrale du PNK a une superficie de 220.000 ha; elle est située à la pointe sud du Haut Plateau des Kundelungu et comprend tant son plateau que ses contreforts. La majorité de la réserve est située sur le plateau, constituée de 75 % de forêts claires et de 25 % de savanes ouvertes avec quelques poches marécageuses. Elle est sillonnée par de très nombreuses rivières formant un réseau hydrographique dense, contribuant au bassin de la Lufira à l'ouest ou à celui du Luapula à l'est. Depuis les têtes de source, des galeries forestières très fournies suivent ces cours d'eau jusque dans la vallée. L'altitude moyenne du Haut Plateau est de 1700 m et sa topographie est peu accidentée.
Aux abords des contreforts, le relief est alors beaucoup plus accidenté et le milieu se transforme en une savane boisée puis en une forêt sèche et claire. La roche est apparente en maints endroits et les contreforts présentent ici et là des falaises abruptes. Certaines rivières ont creusé des gorges profondes et descendent en chutes ou en cascades remarquables; la plus célèbre est la Chute Kaloba, sur la rivière Lofoï, où l'eau tombe d'un jet en une chute spectaculaire de 347 m de haut. C'est la chute la plus haute d'Afrique.
La qualité des pâturages sur le Haut Plateau explique la charge pastorale élevée qu'on y trouvait naguère. En plus de la faune sauvage, diversifiée et abondante il y a quelque temps encore, le plateau abrite les Elevages des Kundelungu (ELKUN), une branche du Groupe Litho Moboti (GLM), qui y fait pâturer environ 19.000 têtes de bétail au voisinage immédiat du Parc. Outre les élevages, le Parc est flanqué au nord d'une "Réserve de Faune", non contrôlée par l'IZCN et qu'occupe sporadiquement le bétail d'ELKUN. La route principale d'accès au Parc est aussi le passage obligé pour se rendre aux élevages; elle est empruntée en sens inverse par le bétail qu'on mène en "treks" à l'abattoir de Lubumbashi.
Séparée de la Réserve Intégrale par un couloir d'environ 3 km de large sur 75 km de long suivant la route Minga-Sampwe, la Zone Annexe du PNK présente une physionomie très différente. Si le point culminant de sa portion sud est de plus de 1400 m, la majeure partie de ses 540.000 ha est entre 800 et 1000 m d'altitude. La Zone Annexe est une vaste plaine comprenant de larges portions marécageuses où s'écoulent de nombreux affluents de la haute Lufira. Une population disséminée en petits villages - dont certains temporaires - habite dans cette Zone. Les localités principales sont Kienge, Lukafu et Sampwe. Cette route jadis très fréquentée est aujourd'hui coupée entre Lukafu et Sampwe par manque d'un pont. La population locale
- essentiellement agricole - est autorisée à circuler, naviguer et pêcher "aux conditions qui seront fixées par l'IZCN" et "au profit des personnes autorisées par ledit Institut à habiter dans la Zone Annexe". La pêche dans la vallée de la Lufira est une activité traditionnelle et une forme de dîme, le "Milambo", est due par leurs sujets aux Chefs des Collectivités, l'autorité coutumière principale. L'inclusion en 1975 de cette Zone Annexe était justifiée par sa richesse faunistique et par le fait qu'elle constitue un important couloir saisonnier de transhumance pour les éléphants. Une partie de la Zone Annexe, le long de la Lufira, a été érigée en 1982 en une Réserve de la Biosphère (Programme MAB-UNESCO) d'une superficie de 14.700 ha dont 2800 ha de "core area". Il est probable que ce site ne réponde plus actuellement aux critères d'inclusion dans la liste des réserves de la Biosphère.
Le PNK, relativement proche des grands centres du Shaba (Katwe est à 171 km de Lubumbashi), a un potentiel touristique énorme actuellement hypothéqué par l'état des routes d'accès, l'appauvrissement de la grande faune dans la Réserve Intégrale et l'insuffisance des infrastructures d'accueil. Un projet d'appui à l'IZCN peut contribuer à sauvegarder ce Parc et raffermir son rôle de sanctuaire, de lieu touristique et de musée à ciel ouvert, si les situations financière et économique du pays et si la capacité de gestion de l'IZCN s'améliorent.




1.1. FAUNE ET FLORE



Si la faune du PNK était jadis riche et diversifiée (voir Tableau I), l'excès de chasse entre 1939 et 1970, époque où ce lieu était encore un Domaine de Chasse, puis l'énorme pression de braconnage l'ont considérablement appauvrie.
Aujourd'hui, le visiteur passant deux jours au PNK n'a réellement la certitude de voir que des oribis, des cobes des roseaux, des céphalophes de Grimm, des phacochères et des babouins. Avec un peu de chance, il rencontrera l'antilope sable, l'antilope rouanne, le guib harnaché ou les bubales.
Parmi les oiseaux de savane les plus spectaculaires, la grue caronculée, les outardes, le calao terrestre, les francolins et quelques rapaces sont garantis. Mais les grands troupeaux de zèbres, de buffles, de bubales ou de rouannes ont aujourd'hui disparu et les animaux sont dispersés en petits groupes. La distance de fuite est de plusieurs centaines de mètres et, même autour de la station de Katwe ou à proximité des postes de patrouilles (P.P.), les animaux sont rares et craintifs.
Au nord et au nord-est du PNK, dans les élevages ELKUN, il m'a semblé même que les traces d'animaux étaient plus nombreuses, malgré qu'on m'ait répété qu'on y chassait beaucoup. Dans la Zone Annexe, les impala sont devenues rarissimes, de même que les sitatunga ou les waterbucks; par petits troupeaux, les éléphants l'empruntent encore occasionnellement au cours de leurs transhumances vers le nord-ouest.
Le PNK - ou du moins le plateau des Kundelungu - abrite encore quelques guépards, comme l'attestent des observations récentes faites par des bouviers de ELKUN et la photographie de traces en octobre 1990 (OMARI, Comm. pers.). C'est le seul endroit du Zaïre où le guépard subsisterait; l'animal s'attaque aux moutons des élevages et sa rareté dans la Réserve Intégrale est attribuée à la diminution des petites antilopes.
Le PNK n'a malheureusement jamais fait l'objet d'une exploration scientifique systématique. La richesse en oiseaux, amphibiens, reptiles et insectes n'est donc pas connue mais, si l'on admet qu'elle est similaire à celle des plateaux du PNU, elle est très grande. L'avifaune aquatique et la faune des poissons dans la Zone Annexe sont réputées très diversifiées.
La diversité de la flore est mieux connue et a fait l'objet d'études récentes (DUVIGNEAUD, 1958; MALAISSE, 1969; LISOWSKI & al., 1971; DROOP, 1989); il en ressort que les hauts plateaux du Shaba ont une importance capitale pour la préservation de la flore dans la mesure où ils contiennent une diversité floristique et un taux d'endémisme peut-être les plus élevés d'Afrique. La région renferme 38,8 % de la totalité de la flore zaïroise et le nombre total d'espèces/variétés au Shaba a été estimé à environ 4000; les hauts plateaux en contiendraient 2500 avec un taux d'endémisme proche de 10 % (DROOP, 1989). Les botanistes estiment que des recherches plus poussées amèneraient encore des découvertes importantes.

TABLEAU I : Faune des grands mammifères du PNK (1)


* Galago (G. crassicaudatus, G. demidovi, G. senegalensis)
* Babouin jaune (Papio cynocephalus)
* Cercopithèque grivet (Cercopithecus aethiopicus)
* Cercopithèque à diadème (C. mitis)
* Chacal à flancs rayés (Canis adustus)
* Chacal à dos noir (C. mesomelas) [MINNE, comm. pers.]
* Civette (Viverra civetta)
* Loutre du Cap (Aonyx capensis)
* Genette commune (Genetta genetta)
* Mangouste rayée (Mungos mungo)
* Mangouste ichneumon (Herpestes ichneumon)
* Mangouste à queue blanche (Ichneumia albicauda)
* Poecilogale (Poecilogale albinucha)
* Ratel (Mellivora capensis)
* Hyène tachetée (Crocuta crocuta)
* Lycaon (Lycaon pictus) [disparu en 1985]
* Caracal (Felis caracal) [rare]
* Chat sauvage (F. lybica)
* Serval (F. serval)
* Lion (F. leo) [disparu]
* Léopard (F. pardus) [disparu?]
* Guépard (Acinonyx jubatus) [rare]
* Oryctérope (Orycteropus afer)
* Daman des arbres (Dendrohyrax arboreus)
* Eléphant (Loxodonta africana) [disparu du plateau depuis 1984, rare dans la Zone Annexe]
* Zèbre (Equus burchelli) [disparu depuis 1988]
* Hippopotame (Hippopotamus amphibius) [Zone Annexe seulement]
* Potamochère (Potamochoerus larvatus)
* Phacochère (Phacochoerus aethiopicus)
* Buffle (Syncerus caffer) [rare]
* Bubale (Alcelaphus lichtensteini)
* Céphalophe de Grimm (Sylvicapra grimmia)
* Céphalophe à dos jaune (Cephalophus sylvicultor)
* Céphalophe bleu (C. monticola)
* Cobe des roseaux (Redunca arundinum)
* Waterbuck (Kobus defassa)
* Cobe de Vardon (K. vardoni) [rare]
* Antilope roanne (Hippotragus equinus) [rare]
* Antilope sable (H. niger)
* Impala (Aepyceros melampus) [Zone Annexe, peut-être disparu]
* Grysbok de Sharpe (Raphicerus sharpei)
* Oribi (Ourebia ourebi)
* Oréotrague (Oreotragus saltator)
* Sitatunga (Tragelaphus spekei) [Zone Annexe]
* Antilope harnachée (T. scriptus)
* Grand koudou (T. strepsiceros) [rare]
* Eland du Cap (Taurotragus oryx) [rare]

1.2. POTENTIALITES TOURISTIQUES



La grande variété en flore et en faune, la beauté des paysages et la proximité relative des grands centres urbains du Shaba font du PNK un parc à vocation touristique certaine. Katwe est à 171 km de Lubumbashi et à 291 km de Likasi (dont 120 km de bitume). La route Lubumbashi-Minga a été reprofilée au début de 1991 sur les 50 km avant Minga. Entre Minga et Gombela, la route est en mauvais état et empruntée essentiellement par les véhicules des élevages ELKUN, de la station de Katwe, de commerçants, de la mission de Lukafu ou des touristes. Ces derniers semblent s'être désintéressés sérieusement du parc comme le démontrent les statistiques récentes des visites touristiques reprises dans les rapports du conservateur :

1988 1989 1990

Etrangers non résidents 38 16 6
Etrangers résidents 284 181 66
Nationaux 53 20 18
____ ____ ____

Total 375 217 90


Les causes de cette désaffection sont principalement : la dégradation des routes d'accès, l'insuffisance des infrastructures d'accueil et la raréfaction de la grande faune. Ces raisons sont confirmées par les commentaires des visiteurs dans le registre touristique de Katwe. La dernière semble toutefois prépondérante.
Le PNK possède cependant des atouts prometteurs car si les trois facteurs cités ci-dessus étaient améliorés, le Parc peut offrir en outre une variété de sites extraordinaires de qualité internationale, telles les chutes de la Lofoï, de Masanza et de Lutshipuka. Son réseau de pistes est relativement simple mais donne accès aux zones les plus intéressantes; le Tableau II donne les distances kilométriques entre les principaux points de repères dans- et autour du PNK.
Katwe dispose d'une bonne piste d'atterrissage de 1100 mètres de long.
Les chutes, en particulier, pourraient être valorisées par quelques aménagements simples qui sont détaillés plus loin. Le caractère spectaculaire et esthétique des chutes est à lui seul un incitant suffisant pour convaincre les visiteurs de venir au PNK. Le développement de certaines activités touristiques dans la Zone Annexe (descente de la Lufira en pirogue, pêche à la ligne, birdwatching, etc.) serait non seulement de nature à intéresser ces visiteurs mais pourrait engendrer aussi des retombées positives pour la population locale. La beauté et l'immensité de la vallée de la Lufira sont certainement de nature à offrir au touriste un complément valable à la visite de la réserve intégrale sur le haut plateau.
L'infrastructure d'accueil touristique comporte actuellement deux gîtes de huit lits chacun, sans sanitaires et avec WC extérieur rudimentaire. L'implantation de l'un de ces gîtes, au centre de la station, n'est pas idéale. Une amélioration du mobilier et de l'équipement des gîtes, couplée à la disponibilité de boissons et de provisions de base, serait un développement très sensible. L'amélioration de la signalisation dans le Parc et de l'entretien des pistes est également nécessaire pour que son potentiel complet soit revalorisé.
La qualité humaine de l'accueil est excellente : le personnel est prévenant et serviable et les guides sont compétents, ainsi que l'attestent les commentaires des visiteurs. On le voit, les potentialités touristiques du PNK sont grandes, mais leur mise en valeur nécessite aussi bien des aménagements infrastructurels que le rétablissement de la faune des grands mammifères.




TABLEAU II : Distances kilométriques PNK (1)


LUALALA/ELKUN (13)


P.P. LWANGENGE (29)


P.P. MWEMENA(23) CHUTES LOFOI(12) P.P. KABUKOY (18)


LUKAFU (5) CHUTES MASANZA ET
PONT FIBILA (55) LUTSHIPUKA (23)

KIENGE (42)
KATWE (28)


P.P. GOMBELA (56)


LUBUMBASHI MINGA(87) P.P. KATOFIO(12) KASENGA(121)

1.3. PERSONNEL DE GESTION



Le personnel du PNK compte 47 personnes et est structuré de la manière suivante :

- cadre technique (conservateur, adjoint) : 2
- cadre scientifique (chercheur) : 1
- cadre administratif (secrétaire, comptable) : 2
- gardes : 42
- travailleurs : 1

Les gardes sont affectés à la station de Katwe ou dans les postes de patrouille où ils vivent avec leur famille :

Station de Katwe : 22 Lusinga : 3
Lwangenge : 3 Katofyo : 3
Kabokoy : 2 Mwemena : 3
Gombela : 3 Mpungwe : 3

Les P.P. sont situés en périphérie du Parc et dans la Zone Annexe, à des emplacements stratégiques choisis pour minimiser le braconnage et contrôler les passages, mais aussi pour donner accès à des marchés, écoles et dispensaires lorsque la station ne peut subvenir à ces besoins.
L'effectif des gardes - 42 hommes pour 760.000 ha, soit 1 garde pour 18.095 ha - est beaucoup trop faible et le nombre de P.P. trop limité pour avoir le contrôle minimal sur l'entièreté du Parc. Cette restriction explique que des portions entières de la Réserve Intégrale et surtout de la Zone Annexe ne sont que très rarement patrouillées. Dans son rapport 1990, le conservateur du PNK fait la demande à la Direction Générale de pouvoir engager 30 nouveaux gardes, 21 ouvriers, 3 enseignants et de pouvoir ouvrir 4 nouveaux P.P.
Outre l'important problème d'effectifs, le conservateur aborde également certains aspects liés à son personnel, tels le manque de formation, les difficultés de ravitaillement et de contrôle des P.P. par manque de véhicule, le manque de fonds pour l'achat de médicaments.

1.4. INFRASTRUCTURE ET MATERIEL EXISTANTS



Les sept postes de patrouilles existants comptent de trois à cinq maisons en "potopoto" avec toit en paille. La Station de Katwe est composée d'un nombre important de constructions (maisons d'habitation, gîtes touristiques, école, bureau, centre d'accueil, dispensaire, etc.) dont l'état est détaillé plus loin. En règle générale, on peut dire que la majorité des bâtiments nécessitent une rénovation et que certains doivent être réhabilités complètement. Il existe deux puits et une source à Katwe, mais les gîtes et les maisons d'habitation n'ont pas l'eau courante. Il n'y a pas d'électricité.
Le matériel roulant est limité à un camion Toyota 6T. de 1988 dont l'état laisse à désirer. Une Land Rover, immobilisée depuis 1987 par manque de pneus neufs, s'est dégradée au point qu'on souhaite en vendre l'épave pour pouvoir acheter des pièces de rechange au camion.
Le Parc est à présent totalement dépourvu de matériel de brousse nécessaire aux gardes pour réaliser leurs patrouilles de surveillance. Le manque de véhicule léger et l'éloignement des P.P. posent de graves problèmes d'approvisionnement et de contrôle. Dans la Zone Annexe, où l'activité de centaines de personnes - surtout des pêcheurs - doit être contrôlée par les gardes, le Parc ne dispose d'aucune embarcation motorisée qui permettrait une surveillance efficace. Grâce à son poste de radio YAESU alimenté par panneaux solaires, la Station de Katwe est en communication journalière avec toutes les stations de l'IZCN (au Shaba : Lubumbashi, Kayo et Lusinga) mais n'a pas de moyen de communiquer avec ses P.P. ou ses gardes en patrouille.
Le mauvais état des bâtiments et le manque d'équipement et de matériel de première nécessité peuvent expliquer le découragement relevé chez une partie du personnel. Cet état de fait explique aussi le peu de considération dont font l'objet les gardes de la part de la population.

2. PROBLEMES ACTUELS




Comme je l'ai dit plus haut (voir "L'IZCN dans la conjoncture actuelle"), une partie des problèmes que connaissent les parcs relève directement de la crise économique que traverse actuellement le Zaïre. (inflation, coût de la vie, etc.) et de ses effets sur le fonctionnement de l'IZCN (adaptation des salaires, débloquage de fonds suffisants pour les frais de fonctionnement, extension des effectifs, etc.). Une grande partie des problèmes du PNK trouvent leur origine dans l'histoire récente du Parc et de sa région mais aussi de l'inadaptation de la gestion de l'IZCN en regard des circonstances locales.




2.1. BRACONNAGE ET GARDIENNAGE



Le braconnage - qu'il se traduise par une chasse ou une pêche illégale - a pris des proportions alarmantes depuis une dizaine d'années. Dans tout le Shaba, mais particulièrement aux alentours des parcs et des domaines de chasse, la pression de braconnage a provoqué la raréfaction de la quasi-totalité de la faune sauvage. Le commerce de viande de chasse - normalement réglementé par le Service de l'Environnement, dépendant du même Ministère que l'IZCN - se déroule ouvertement dans les villes et sur les marchés. Comme la demande est élevée, le braconnage implique un grand nombre de personnes que les gardes du PNK ne peuvent pas contrôler. Il s'agit le plus souvent d'habitants des villages périphériques (où l'on observe d'ailleurs un nombre particulièrement élevé de chiens !) qui vendent leur butin à des commerçants ou des petits transporteurs. Ceux-ci les vendent "en gros" à Lubumbashi.
A titre d'exemple, un "transporteur" appréhendé récemment avait acheté 8 morceaux de 3 kg de céphalophe de Grimm ("Kashia") à 3000 Z/pièce; il allait les vendre à Lubumbashi à 8000 Z/pièce au grossiste qui les vendra au détail à 15.000 Z/pièce (5 US$). L'amende reçue par le transporteur fut de 50.000 Z.
L'IZCN ne peut plus dresser de barrières le long des routes pour contrôler le trafic : cette pratique fut interdite il y a quelques années à la suite d'abus. Le Parc peut cependant contrôler les véhicules aux barrières d'entrée et de sortie à Gombela et à Kabokoy.
Dans la pratique, les gardes n'ont pas actuellement les moyens de mettre un frein au braconnage. Leur effectif insuffisant ne peut être augmenté qu'en fonction des possibilités financières de l'IZCN; dans le contexte actuel, ces possibilités ne sont même pas suffisantes pour donner au personnel un salaire équivalent au minimum vital. Malgré cela, les gardes ont appréhendé 398 braconniers, saisi 41 fusils de modèles divers ainsi que 641 collets métalliques en trois ans (1988-1990).
Ces gardes, que le conservateur envoie régulièrement en patrouilles de surveillance, ne disposent d'aucun équipement de brousse (tenues, tentes, sacs à dos, etc.). Laissés à eux-mêmes dans des P.P. isolés, de nombreux gardes se sont livrés à des actes de "braconnage interne" en favorisant l'incursion d'éléments extérieurs dans le parc moyennant de l'argent ou en participant eux-mêmes plus directement à la chasse et à la vente de viande. Dans de nombreux cas, les gardes seront tentés de composer avec les villageois (parfois de leur famille) pour éviter des accrochages ou des représailles de la part d'une population généralement hostile au Parc. L'adjonction de l'immense Zone Annexe au PNK en 1975 fut à l'origine d'une bonne partie du ressentiment actuel car, durant quinze ans, il n'y eut pratiquement aucun contact de l'IZCN avec les populations locales; puis, fut instaurée la "taxe sur la conservation de la nature" qui venait s'ajouter à la dîme traditionnelle payée par les pêcheurs aux Chefs Coutumiers. Certains exhortèrent leurs sujets à refuser de payer la taxe et à ne pas reconnaître l'autorité de l'IZCN. Les populations habitant la Zone Annexe ignorent pour la plupart la législation qui s'y applique, et c'est seulement récemment que les conservateurs ont approché les autorités coutumières pour les sensibiliser. Il est vrai que l'IZCN n'a jamais répondu aux exigences de l'Article 5 de l'Ordonnance 75-097 relative à la délimitation du PNK (1), ce qui aurait pu éviter beaucoup de contestations présentes et à venir.
Outre le problème du salaire extrêmement bas, la question la plus souvent évoquée par les gardes et le conservateur est celle du ravitaillement. Les gardes des P.P. doivent souvent se rendre à des marchés assez éloignés pour aller acheter leur nourriture; dans tous les P.P., ils cultivent du maïs, des courges et parfois des haricots. Le temps passé à se ravitailler est important et est pris aux dépens du temps normalement consacré aux patrouilles. Comme indiqué précédemment, ce contact gardes/populations entraîne souvent une collaboration néfaste pour la protection de la faune. La ration pour les patrouilles, normalement achetée et distribuée par la Station grâce aux frais de fonctionnement, ne parvient plus qu'irrégulièrement dans les P.P., ce qui n'incite pas les hommes à partir patrouiller plusieurs jours de suite (les patrouilles "aller/retour" sont désormais beaucoup plus fréquentes).
Le manque de contrôle dans les P.P. est à l'origine d'activités illégales courantes telles que la culture du chanvre, remarquée dans tous les P.P. du PNK et même à la Station de Katwe.
Enfin, le moral de certains gardes est bas car ils n'ont plus eu de promotion depuis parfois plus de 10 ans.




2.2. EQUIPEMENT DES GARDES



Comme il a été dit, les gardes ne disposent d'aucun équipement de terrain ou de campement pour les aider à remplir leur tâche. Chaque garde dispose d'un uniforme (casquette ou béret, tenue en toile kaki, ceinturon, bottines) fourni par la Direction Générale de l'IZCN, mais il ne le met jamais pour partir en patrouille car il craint qu'une fois usé, il ne soit pas remplacé. Les tentes, sacs à dos, imperméables, gourdes, etc. offerts par la Coopération Belge AGCD en 1975 n'ont jamais été remplacés.
Chaque garde possède un fusil (MAUSER, FAL ou P.30) et un chargeur de cartouches. Un certain trafic de cartouches existe également car lors d'une inspection dans un P.P., le conservateur se rendit compte que le fusil d'un garde sentait la poudre alors que ses munitions étaient au complet.
Le manque d'équipement décourage les gardes à partir régulièrement en patrouille, surtout en saison des pluies.

2.3. ETAT DES PISTES, PONTS, ETC.



Dans leurs portions situées sur le plateau, les pistes sont en général bonnes à l'exception des passages aux endroits les plus humides où des digues ont été construites. Certains caniveaux obstrués ont provoqué des ravinements suite à l'écoulement massif des eaux après les pluies. A d'autres endroits, l'accumulation d'eau nécessite le creusement de caniveaux sur plusieurs kilomètres et le placement de buses pour l'écoulement sous la piste.
Dans les portions escarpées des contreforts, le passage est parfois rendu plus difficile en raison des pierres apparentes et des ravinements. L'accès aux chutes de Masanza et Lutshipuka est localement périlleux. L'état de l'ancienne piste Katwe-Katofyo (± 65 km) n'a pas pu être vérifié sur le terrain; on dit que sa réhabilitation pour la surveillance serait assez facile malgré quelques passages escarpés à réaménager. Malgré la collaboration épisodique du PNK avec les élevages ELKUN pour l'entretien de la piste principale, l'état de celle-ci se dégrade rapidement, particulièrement en saison des pluies.
Plusieurs ponts en bois doivent être remplacés : sur la Fibila (8 m de large), pour l'accès aux chutes de la Lofoï, 12 km plus loin, sur la Kamwela (6 m de large) et la Kabunda (4 m de large), le long de la piste circulaire, ainsi que sur la May
(6 m) sur la piste Katwe-Gombela. Certains de ces ponts pourraient être remplacés par des buses, un gué ou un radier : à déterminer sur place.
La traversée de la Lofoï se fait à gué par les touristes qui vont admirer les chutes depuis la rive droite, mais ce passage n'est possible à pied sec qu'en saison sèche. Durant les pluies, la traversée serait rendue possible par quelques aménagements simples.
Les abords des trois chutes, très visitées, ne sont pas aménagés pour la sécurité, le camping ou les pique-niques.

2.4. ETAT DES BATIMENTS



L'essentiel des bâtiments du PNK sont à la Station de Katwe. L'état de ces constructions diffère beaucoup d'un cas à
l'autre : certaines constructions sont "en dur" (blocs de ciment ou briques cuites), d'autres en "potopoto" ou en brique adobe. Leur date de construction remonte à des époques très différentes. Dans les P.P., les maisons des gardes sont toutes en potopoto.
L'état souvent lamentable de ces constructions ne constitue pas un stimulant au travail et donne au visiteur et à la population locale une piètre image de l'IZCN. L'état des deux gîtes touristiques réclame un remplacement des toitures, certaines réparations de la maçonnerie, l'installation de sanitaires et de mobilier pour répondre à un standard minimum.
Parmi les 28 maisons du camp des gardes et travailleurs, 15 sont en briques adobe recouvertes de crépi en ciment et d'une toiture en tôle, et 13 sont en potopoto avec toiture en paille. Les sanitaires sont inexistants et la cuisine se fait dans les habitations.
Une petite école (potopoto/paille) en deux bâtiments est proche de l'écroulement. Le bâtiment administratif (4 bureaux + 1 magasin), le centre d'accueil et le dispensaire requièrent des travaux mineurs de réfection ainsi qu'un mobilier et un équipement de base.
Un corps de garde et un atelier manquent à Katwe.
La maison du conservateur, construite il y a quelques années en briques adobe, s'est écroulée suite à l'infiltration des eaux; le conservateur habite la maison réservée à son adjoint. Celle-ci est proche du délabrement.
Une source aménagée est le principal point d'alimentation d'eau du camp, mais des fissures dans le coffre en ciment risquent de la rendre inopérante. Les deux puits ont été creusés à une profondeur de 5-6 m mais ne sont pas maçonnés.

2.5. MANQUE DE MATERIEL



L'état du seul véhicule, le camion Toyota 6000, laisse à désirer : pneus usés, lames de ressort cassées, carrosserie abîmée. Comme l'entretien et le remplacement des pièces défectueuses ne peuvent pas se faire régulièrement, et comme le carburant est rare et cher, le camion roule le moins possible. Ce manque de mobilité a des conséquences sérieuses sur l'approvisionnement des gardes et de la Station, le contrôle du Parc et l'entretien des pistes. De plus, ce camion est utilisé pour des courses ne nécessitant souvent qu'un véhicule beaucoup plus léger, ce qui provoque un gaspillage involontaire.
Le manque de véhicule léger est particulièrement grave pour la protection du Parc car les contacts entre le conservateur et les gardes des P.P., le transport des patrouilles et les déplacements d'urgence ne sont plus assurés. Les contacts avec les localités voisines du Parc, qui sont importantes en raison des difficultés liées aux activités illégales des populations dans la Zone Annexe, devraient aussi pouvoir se faire régulièrement.
L'absence de moteur hors-bord empêche la surveillance dans cette immense Zone Annexe comportant de larges marais et des dizaines de kilomètres de rivières.
Dans de telles circonstances, on peut difficilement critiquer le manque d'efficacité des patrouilles et le peu de contrôle exercé par le conservateur sur ses gardes, qui font tous leurs déplacements à pied ou avec leur vélo personnel.
Le manque de postes de radio permettant le contact entre Katwe et les P.P. ou entre patrouilles volantes est à l'origine d'une certaine inefficacité dans l'organisation des patrouilles et explique les déplacements fréquents des gardes vers la station. Si le PNK disposait d'une phonie mobile fixée dans le véhicule du conservateur et de quelques phonies fixes dans certains P.P. stratégiques, la transmission des ordres et des informations rendrait son fonctionnement beaucoup plus efficace. En outre, quelques walkie-talkie de type "motorola" augmenteraient considérablement les performances des patrouilles de surveillance.
L'outillage du PNK est actuellement dépareillé et inadéquat. Il ne peut subvenir aux besoins normaux de fonctionnement pour des travaux de mécanique, menuiserie, maçonnerie ou entretien des pistes. Si le projet d'appui entame des travaux de réhabilitation et de construction, un outillage complet est indispensable.
Les données météorologiques ne sont plus relevées depuis des années par manque d'instruments de mesure de base.
Aucune activité de recherche scientifique ne peut se faire correctement sans un matériel de base permettant des investigations élémentaires.
A Katwe, le manque de panneaux solaires et d'éolienne empêche l'installation de l'électricité et la distribution d'eau dans le camp.





3. APPORTS POSSIBLES DU PROJET




3.1. INTRODUCTION



Dans cette partie, je détaille les actions et achats nécessaires à la réhabilitation du PNK dans le cadre du projet. Chacune des recommandations figure en regard d'un signe R placé en marge; l'ensemble des recommandations est repris dans le tableau synthétique (en fin de rapport) où leur coût respectif est estimé.




3.2. EQUIPEMENT DES GARDES



Les gardes effectuant leur travail dans le dénuement matériel le plus total, il est recommandé que le projet fournisse l'ensemble de l'équipement de brousse. La quantité de matériel devrait correspondre au nombre de gardes (80) et de postes de patrouilles (12) dont l'IZCN devrait idéalement disposer dans l'optique d'un renforcement de la protection du PNK. Cette quantité est aussi calculée en tenant compte de son renouvellement partiel après deux années d'utilisation. Le matériel nécessaire comporte des tentes à 2 places, sacs à dos, ponchos imperméables, bottes et bottines, tenues de brousse, matelas et sacs de couchage, gourdes et gamelles, moustiquaires, pull-over, malles cantines, jumelles et lampes torches. Cet apport redonnera aussi courage et dignité aux gardes, dont la démotivation est due partiellement au dénuement matériel complet qu'ils connaissent et au peu de considération dont ils font l'objet de la part de la population.

3.3. PISTES ET PONTS



Un réseau de pistes correctes et de ponts solides est un outil important pour le développement du tourisme et le maintien d'une surveillance adéquate. Le projet devrait fournir le matériel roulant (voir 3.5.) et l'outillage nécessaire à ces travaux d'entretien et de réparation (pelles, houes-pics, barres à mine, pioches, haches, tire-fort manuels, brouettes, masses, etc.). Ces travaux comprennent en particulier : l'installation de buses (environ 30) pour l'écoulement d'eau sous la piste entre les caniveaux, la construction de 4 ponts en maçonnerie de 4, 6, 6 et 8 m de large, la réparation des portions les plus escarpées des pistes, la réouverture de la piste Katwe-Katofyo (± 65 km), le curage des caniveaux et le rechargement des digues, l'aménagement des abords des trois chutes (Lofoï, Masanza et Lutshipuka) par des rambardes, des sites de camping et le passage à gué de la Lofoï.
Le projet prévoira une provision pour le salaire d'ouvriers temporaires pour ces travaux; ceux-ci devront être engagés en priorité dans les villages voisins du PNK. L'IZCN devra prévoir de garder sur son rôle de paie quelques-uns de ces travailleurs pour les entretiens ultérieurs.




3.4. REFECTIONS ET CONSTRUCTIONS DE BATIMENTS



Le projet devrait rénover complètement les postes de patrouilles en construisant, dans chacun des 7 P.P. existants et sur les sites de 5 P.P. nouveaux, 4 nouvelles maisons en brique adobe avec toit en tôle, cuisine séparée et WC. A Katwe, le projet prendra en charge la construction (en briques cuites) d'une maison pour le conservateur, d'une cantine, d'un magasin de stockage, d'un atelier et la construction (en briques adobe) d'un corps de garde et de l'école (3 classes).
Toujours à Katwe, le projet assurera la réfection de la maison du conservateur adjoint, du bureau, du centre d'accueil, des gîtes touristiques (construction de sanitaires) et des 28 maisons du camp des gardes.
Il est difficile de rentrer plus dans le détail des travaux à réaliser à Katwe dans la mesure où les interventions diffèrent fort d'un bâtiment à l'autre. Afin de préciser l'importance des travaux, mais aussi de préparer les commandes de matériaux et d'outillage et de prévoir les besoins en main-d'oeuvre, il est recommandé qu'un technicien familier des chantiers de brousse se rende sur place avant le début du projet.

3.5. FOURNITURE DE MATERIEL



Dans le cadre de l'aménagement de la Station de Katwe, le projet devrait fournir et installer des panneaux solaires en suffisance pour permettre l'alimentation électrique du camp (habitations, gîtes, bureau, radio, chargeurs de batteries). De même, la disponibilité d'eau à Katwe requiert :
1) la réparation du réservoir de retenue de l'eau de la source et 2) l'installation d'une éolienne pour le pompage d'eau. Un réservoir/château d'eau et une canalisation métallique devraient amener l'eau à une fontaine au centre du camp.
Le projet devrait fournir au PNK un véhicule de type Toyota Land Cruiser diesel, 3 motos type Yamaha 125 cc et 80 vélos avec pièces de rechange afin de résoudre le problème crucial de déplacements et de contrôle dans le Parc et aux alentours.
Un tracteur avec remorque et lame niveleuse frontale est indispensable pour l'entretien des pistes et des caniveaux ainsi que le transport des matériaux.
La réfection du camion (ou l'achat d'un nouveau camion au cas où l'état du camion existant serait défectueux au début du projet) est recommandée pour l'approvisionnement et le transport des patrouilles et des matériaux.
La fourniture de deux moteurs hors-bord 25 CV et de deux canots légers (capacité de 6 personnes + matériel) est recommandée pour la surveillance de la Lufira et des marais attenants dans la Zone Annexe.
Le projet contribuerait grandement à l'efficacité des responsables de la protection au PNK par la fourniture et l'installation de :
- 1 phonie mobile dans le véhicule du conservateur (contact : Station/P.P.)
- 4 phonies fixes à panneaux solaires pour P.P. stratégiques (dont 2 dans Zone Annexe)
- 1 phonie fixe à panneaux solaires pour le chantier volant
- 6 motorola + chargeurs pour patrouilles volantes.
Il sera sans doute nécessaire de prévoir les frais de mission d'un technicien pour l'installation de ce matériel, des panneaux, chargeurs et antennes; cette personne estimera si l'installation d'un ou plusieurs répétiteurs est nécessaire pour établir la communication entre ces postes.
La fourniture à la Station de Katwe d'un congélateur serait bienvenue dans la mesure où le PNK peut se fournir régulièrement et à bon prix en viande auprès des élevages; sa conservation est actuellement impossible et le pesonnel manque de bonnes occasions d'acheter de la viande lorsqu'elle est disponible. Un moulin à maïs contribuerait à la préparation de la farine qui est la base de la ration de brousse, mais pourrait servir à tout le personnel de la Station.
Enfin, un matériel de base pour deux petites stations météo (une à Katwe, l'autre dans un P.P. de la Zone Annexe) devrait être fourni; il comprendrait des abris, des pluviomètres, des thermomètres max-min, des anémomètres).




3.6. AUTRES INITIATIVES



Comme la signalisation des pistes est quasi inexistante, le projet pourrait fournir des panneaux d'orientation et des panneaux d'information à Katwe et sur le terrain et couvrir les frais d'impression d'une carte élémentaire de situation. Des panneaux de délimitation du PNK devraient être apposés le long des routes d'accès et à proximité des villages, à titre d'information et afin d'éviter des querelles et des contestations. Dans les portions boisées, certains layons devraient être ouverts (ou rouverts) pour matérialiser la limite. Ces opérations devront être réalisées avec les autorités des collectivités voisines.
Le projet fournira l'outillage et la ration pour les travailleurs à engager pour les opérations de délimitation (environ 50 ho/mois).
Le développement d'activités touristiques dans la Zone Annexe pourrait bien justifier la construction d'une rondavel proche d'un P.P.; les visiteurs pourraient faire la descente de la Lufira en canot (pêche, birdwatching, pique-nique), passer la nuit dans la rondavel (cuisine locale, artisanat) et retourner vers Lubumbashi le lendemain. Bien organisé, ce développement connaîtrait un succès très rapide; un consultant de l'IZCN pourrait étudier et raffiner ce circuit grâce au projet.
Enfin, le projet devrait allouer la mise de fonds de départ permettant d'approvisionner la cantine de Katwe en denrées de base. La gestion de celle-ci devrait être vue par l'IZCN comme un service à son personnel et non comme une source de profit.

B. PARC NATIONAL DE L'UPEMBA





1. DESCRIPTION




Le PNU s'étend de 9°5' à 8°45' de latitude sud et de 25°50' à 27°10' de longitude est. Lors de sa création le 15 mai 1939, le PNU couvrait une superficie de 1.773.000 hectares; c'était à l'époque le plus grand parc du Congo Belge et d'Afrique. Ses limites furent modifiées à plusieurs reprises suite aux rétrocessions consécutives à des revendications de terres à l'ouest et au nord et suite à certaines extensions vers l'est. Les limites actuelles, fixées par l'Ordonnance-Loi 75-241 du 22 juillet 1975, englobent une Réserve Intégrale de 1.000.000 d'hectares et une Zone Annexe d'environ 300.000 hectares.
Le PNU regroupe une variété de régions biogéographiques distinctes présentant un relief accidenté constitué de plateaux et de crêtes rocheuses (1400 à 1800 m) séparant les affluents de la rive droite de la Lufira, et un relief plus plat vers la vallée de cette rivière (700 m) et les zones lacustres et marécageuses à l'ouest (dépression de Kamalondo).
Le nord-est du PNU est occupé par les monts Kibara, leurs forêts et leurs savanes de plateau; le centre, par le bassin de la basse Lufira, depuis les chutes de Kiubo jusqu'aux marais entourant le lac Upemba (585 m), y compris de nombreux contreforts boisés; le sud, par un étroit et long plateau herbeux - le plateau de Manika - qui constitue l'extension septentrionale du plateau des Biano, depuis Kayo jusqu'à la Lufira. Des gorges profondes, des falaises et des chutes, qui contrastent avec d'immenses savanes vallonnées et de grandes étendues marécageuses font de ce parc l'un des plus beaux paysages que l'on puisse admirer au Zaïre. La première (et la seule) expédition scientifique de l'Institut des Parcs Nationaux du Congo Belge fut envoyée sur le terrain de 1946 à 1949 sous la direction de G. de Witte. L'expédition récolta des dizaines de milliers de spécimens végétaux et animaux et le nombre de formes nouvelles décrites fut d'au moins 1889 (DE WITTE, 1966). Elle ramena aussi plus de 9500 photos et fut à la base de 148 publications sur les différentes recherches entreprises sur le terrain ou en laboratoire.
Le PNU et sa région firent aussi l'objet de très nombreuses études géologiques, en particulier par DELHAYE, ROBERT et CAHEN & MORTELMANS : une bibliographie fournie est reprises dans le formulaire que l'IZCN soumit (sans succès) en 1983 à l'UNESCO en vue d'inclure l'Upemba dans la Liste des Sites du Patrimoine Mondial.
Les précipitations annuelles moyennes sont d'environ 1300 mm (moyenne de 1941 à 1959) et la saison sèche dure d'avril à octobre. La température y varie entre 20° et 22°C le jour et tombe jusqu'à 8°C la nuit. En saison sèche, les plateaux sont balayés par des alizés assez forts.
L'histoire - mouvementée - du PNU fut bien documentée et synthétisée par SYMOENS (1963) et MAKABUZA (1973). Les limites de 1939 furent revues et corrigées à plusieurs reprises et une Commission de Délimitation présidée par le magistrat de LIMBOURG fut dépêchée en 1957 pour matérialiser les limites "définitives" et régler les contentieux fonciers avec les Chefs Coutumiers. C'est la Commission de LIMBOURG qui proposa déjà à l'époque la création de "territoires annexes où les autochtones gardent le droit de chasser avec les moyens coutumiers".
Les événements qui suivirent l'indépendance ont entraîné la perte du contrôle et de la surveillance des basses régions du nord-ouest du PNU, notamment les rives du lac Upemba et ses abords.
Le braconnage dans le Parc prit des proportions inquiétantes, encouragé par les Chefs Coutumiers refusant de reconnaître l'autorité du PNU. La sécession de l'ex-"Katanga" envenima la situation et, dans le désordre régnant, les populations se réinstallèrent sur la rive droite de la Lufira, entre la Munte et la Zenze, et dans trois villages de la rive gauche; un braconnage incontrôlé s'ensuivit. Enfin, un épisode particulièrement douloureux fut l'incursion dans le Parc de certaines unités de l'ONU et de la "Gendarmerie Katangaise" qui tirèrent des centaines d'antilopes et de zèbres à l'arme automatique.
La situation se normalisa et se rétablit en 1969, lors de l'instauration de l'IZCN; on remarqua à l'époque comment la faune, qui s'était réfugiée dans les contreforts boisés des monts Kibara, reprenait rapidement possession des zones naguère "vidées" par le braconnage.
La densité de population humaine dans les zones voisines du PNU varie de 10 hab/km2 (Mitwaba, Bukana) à 15 hab/km2 (Lubudi, Malemba-Nkulu), mais l'importance des collectivités rurales adjacentes au Parc varie beaucoup plus. On assiste aujourd'hui dans toute la région à un phénomène de migration de retour des habitants des villes vers les villages à cause du manque d'emploi et du coût de la vie. Ces personnes viennent grossir les villages ou en créent même de nouveaux; ils s'adonnent à l'agriculture et au petit élevage, mais fabriquent aussi du charbon de bois ou se livrent à la chasse ou à la pêche. On reconnaît sur place que ces arrivées massives ont souvent contribué à affaiblir et parfois à abolir les systèmes traditionnels qui contrôlaient la surexploitation des ressources : tabous, zones réservées, privilèges de chasse et saisons de chasse et de pêche. Le respect de ces traditions relevait de l'autorité des Chefs Coutumiers, dont l'ascendant sur les populations est aujourd'hui fortement érodé.
La richesse relative des habitants des centres et la disponibilité de cables et d'armes ont favorisé le développement d'une économie régionale basée sur le commerce de viande de chasse dont l'origine est essentiellement le PNU et ses abords immédiats.
La pêche représente l'activité principale dans les lacs de la dépression de Kamalondo, qui constituent le bief le plus poissonneux du Shaba : on y produisait 22.000 T en 1957 et 15.000 T en 1981 (COMPERE & SYMOENS, 1987). Au sud du PNU, les localités de Bukama, Luena et Mokabe Kasari et, à l'est, celles de Kiubo et Kasungeshi sont connues comme centres commerciaux pour la viande de chasse où viennent s'approvisionner les commerçants de Kolwezi, Likasi et Lubumbashi.
La majorité de la population est agricole et les cultures les plus répandues sont le maïs, le haricot, le manioc, les arachides et le riz. Le petit élevage n'est pas très développé et, en dehors de la volaille, sert surtout au troc.
Les activités industrielles au voisinage immédiat du Parc ne sont pas - actuellement - une menace directe : elles se résument à l'exploitation périodique de cassitérite (EMZ, Entreprises Minières du Zaïre à Mitwaba) et à la fabrication de ciment (CIMSHABA à Lubudi). Des prospections géologiques sont cependant menées régulièrement par la Gécamines dans la région et l'on dit à Likasi que, suite à l'épuisement progressif des gisements de cuivre dans la région de Kambove, on envisage d'exploiter de nouveaux gisements plus près du Parc. Vers Shienzi, à l'est de Luena, il semble que de très riches gisements d'étain aient été localisés. Ceci pourrait constituer une nouvelle menace majeure. L'article 2 du Décret de 1939, qui concédait des droits de pêche dans la Lufira et d'exploitation des salines aux indigènes, ainsi que des droits d'exploitation à l'"Union Minière du Haut Katanga" à l'intérieur du PNU, a été heureusement supprimé par l'Ordonnance de 1975.
L'élevage de gros bétail se fait au voisinage du PNU, entre Lusinga et Mitwaba, par l'Office National de Développement de l'Elevage (ONDE), dont le cheptel (4000 têtes) diminue chaque année, et d'autres ranches privés. Le Commissaire de Zone de Mitwaba m'a signalé qu'il y aurait eu récemment des cas de peste bovine dans ces derniers; si c'est vérifié, ce serait un danger majeur pour les ongulés du Parc.
Enfin, les vastes champs (110 ha) de maïs, de riz et d'arachides que la société SAGRICIM a implantés sur les deux rives de la Kalule Nord, dans le domaine de chasse de Mulumbu, ont contribué à l'amenuisement de la "zone tampon" constituée par ce Domaine. Un projet de convention entre l'IZCN et la SAGRICIM, visant à délimiter clairement les activités de celle-ci, est à l'étude.
Les axes de communication principaux autour du PNU sont :
- à l'ouest, la route Likasi-Lubudi-Bukama-Kikondja-Malemba Nkulu-Manono, le chemin de fer Tenke-Lubudi-Luena-Bukama et le fleuve Zaïre (Lualaba), de Bukama à Malemba Nkulu;
- à l'est, la route Likasi-Bunkeya-Kiubo-Mitwaba-Manono.
Des routes secondaires, telles Luena-Kintobongo-Mabwe à l'ouest et Mokabe Kasari-Kalenge-Kalera au sud-est, sont des axes vitaux pour l'économie rurale, mais aussi des axes stratégiques pour le contrôle du commerce de viande de chasse.
Aujourd'hui, l'état de ces routes laisse considérablement à désirer et constitue en saison des pluies un défi que seuls les aventuriers apprécieraient mais que redoutent les usagers "obligés" qui peuvent y rester bloqués plusieurs jours et dont les véhicules souffrent beaucoup.




1.1. FAUNE ET FLORE



Comme je l'ai mentionné plus haut, le PNU fit l'objet d'une exploration scientifique majeure en 1946-1949, qui mit en évidence la grande variété d'espèces présente dans la diversité des habitats, particulièrement celles des plateaux des monts Kibara, des contreforts boisés, de la vallée de la Lufira et du lac Upemba, soit le secteur nord de l'Upemba. La limitation géographique des investigations de l'expédition DE WITTE explique que des animaux aussi spectaculaires que les antilopes lechwe, les sitatunga, le rhinocéros noir ou le grand koudou aient échappé à l'inventaire, pourtant fourni, qu'elle ramena.
Le Tableau III donne le nombre (minimum) d'espèces inventoriées à ce jour à l'intérieur des grands groupes zoologiques et le Tableau IV présente la liste des grands mammifères observés au PNU.
On observe que, dans cette dernière, trois espèces ont déjà disparu : le guépard, le lycaon et le rhinocéros noir. De nombreuses espèces ont un statut incertain : les unes se sont raréfiées de façon alarmante durant les dix dernières années à cause du braconnage et les autres sont des espèces farouches qui n'ont jamais été abondantes dans le PNU. Une investigation scientifique serait donc nécessaire et urgente pour établir l'inventaire actuel et le statut de conservation de la grande faune.
Au cours des deux semaines passées dans le Parc, j'ai pu faire de nombreuses observations. Tout d'abord, j'ai constaté que la grande faune s'était considérablement appauvrie par rapport à une visite antérieure en 1973; la lecture des rapports annuels des conservateurs et du registre des visiteurs confirme ce fait. Ensuite, on observe que la distance de fuite est très grande, ce qui dénote une méfiance permanente envers l'homme.
TABLEAU III : Nombre d'espèces dans quelques groupes d'animaux sélectionnés au PNU





Mammifères (1) : Primates : 6 esp.
Chéiroptères : 18 esp.
Carnivores : 20 esp.
Insectivores : 12 esp.
Tubulidentés : 1 esp.
Ongulés : 24 esp.
Rongeurs : 30 esp.

Reptiles (2) : Tortues : 3 esp.
Crocodyliens : 2 esp.
Sauriens : 40 esp.
Serpents : 54 esp.

Oiseaux (3) : 424 esp.

Amphibiens (4) : 51 esp.

Poissons (5) : 141 esp.

TABLEAU IV : Liste des grands mammifères du PNU




Primates

Cercopithèque grivet (Cercopithecus aethiops)
Cercopithèque à diadème (C. mitis)
Cercopithèque ascagne (C. ascanius)
Babouin jaune (Papio cynocephalus)
Galago à queue épaisse (Galago crassicaudatus)
Petit galago (Galago senegalensis)


Carnivores

Lion (Panthera leo) [rare] (*)
Léopard (Panthera pardus) UICN : vulnerable
Guépard (Acinonyx jubatus) [disparu] UICN : vulnerable
Serval (Felis serval)
Caracal (F. caracal) [rare]
Chat sauvage (F. lybica)
Civette (Viverra civetta)
Genette commune (Genetta genetta)
Mangouste ichneumon (Herpestes ichneumon)
Mangouste à queue blanche (Ichneumia albicauda)
Mangouste rayée (Mungos mungo)
Mangouste des marais (Atilax paludinosus)
Mangouste naine (Helogale parvula)
Poecilogale (Poecilogale albinucha)
Ratel (Mellivora capensis)
Loutre à joues blanches (Aonyx capensis)
Hyène tachetée (Crocuta crocuta) [rare]
Lycaon (Lycaon pictus) [disparu] UICN : vulnerable
Chacal à flanc rayé (Canis adustus)


Tubulidenté : Oryctérope (Orycteropus afer)


Hyracoidé : Daman des arbres (Dendrohyrax arboreus)


Proboscidien : Eléphant (Loxodonta africana)UICN : vulnerable


Ongulés :

Zèbre de Burchell (Equus burchelli)
Rhinocéros noir (Diceros bicornis) [disparu]UICN : vulnerable
Hippopotame (Hippopotamus amphibius) [rare]
Phacochère (Phacochoerus aethiopicus)
Potamochère (Potamochoerus larvatus)
Eland du Cap (Taurotragus oryx) [rare]
Grand koudou (Tragelaphus strepsiceros) [rare]
Sitatunga (T. spekei)
Guib harnaché (T. scriptus)
Antilope rouanne (Hippotragus equinus)
Antilope sable (Hippotragus niger) UICN : endangered
Waterbuck (Kobus defassa)
Cobe de Vardon (K. vardoni) [rare]
Lechwe rouge (K. leche) [rare] UICN : vulnerable
Cobe des roseaux (Redunca arundinum)
Bubale de Lichtenstein (Alcelaphus lichtensteini) UICN : indeterminate
Céphalophe à dos jaune (Cephalophus sylvicultor)
Céphalophe bleu (Cephalophus monticola)
Céphalophe de Grimm (Sylvicapra grimmia)
Oribi (Ourebia ourebi)
Klipspringer (Oreotragus oreotragus)
Buffle (Syncerus caffer) [rare]

Enfin, on constate que la quasi-totalité de la faune visible est concentrée dans le secteur nord, plus particulèrement aux abords de la Station de Lusinga où j'ai pu observer un troupeau de 65 éléphants et une harde de 200 zèbres. Les espèces communes, que l'on observe régulièrement le long des pistes, sont le babouin, le phacochère, l'oribi, le cobe des roseaux et le sylvicapre de Grimm. Moins fréquemment, l'antilope rouanne, le bubale et le guib harnaché. Parmi les oiseaux, les outardes, les grues caronculées et les calaos terrestres sont particulièrement remarquables.
Si la faune est fortement appauvrie en raison du braconnage, le PNU garde probablement un potentiel suffisant pour recouvrer sa diversité d'antan, si l'on peut réduire rapidement la pression de chasse. Dans le contexte national, la valeur biologique du PNU est énorme : c'est le deuxième parc en importance après le P.N. de la Salonga, et sa Zone Annexe contient le plus vaste complexe de lacs et de marais du pays, là où la confluence du Lualaba et de la Lufira constituent l'une des sources les plus importantes du fleuve Zaïre. Le PNU est le dernier refuge du lechwe et du zèbre et l'un des derniers refuges du cobe de Vardon et de l'antilope sable au Zaïre; plusieurs autres espèces figurent dans le Red Data Book (le Livre Rouge des espèces menacées : voir Tableau IV) de l'UICN ou de l'ICPB, y compris le Bec en Sabot (Balaeniceps rex), la grue caronculée (Bugeranus carunculatus) et les crocodiles (Crocodylus niloticus et C. cataphractus). Le taux d'endémisme dans certains groupes est très élevé : jusqu'à 10 % chez les poissons (COMPERE & SYMOENS, 1987). Pour ces raisons, le PNU revêt un caractère exceptionnel qui justifie un effort particulier de protection (MCKINNON, 1986). EAST (1990) souligne également que l'Upemba et les Kundelungu contiennent chacun un plus grand nombre d'espèces d'antilopes que n'importe quel autre parc au Zaïre. VERHEYEN (1953) rapporte que le PNU abrite au moins 424 espèces d'oiseaux - ce qui représente 40 % de la totalité de l'avifaune du Zaïre (1086 espèces : LIPPENS & WILLE, 1976) - et constitue un des plus importants quartiers d'hivernage pour les migrateurs paléarctiques.
Les trois types de sites de l'Upemba - plateau, contreforts, dépression - renferment leur flore propre comprenant un cortège d'espèces caractéristiques des milieux qu'on y trouve : savanes ouvertes, mares, galeries, forêts claires, marécages, savanes arborées. DROOP (1989) insiste sur l'extrême richesse botanique de la région de l'Upemba et s'inquiète du peu de connaissance sur le statut de conservation des espèces rares. Il pense que le feu incontrôlé de saison sèche est sans doute la plus grande menace sur l'intégrité des milieux naturels. Ici encore, des recherches plus complètes sont nécessaires pour établir la richesse et le mode de gestion optimal du PNU. La dépression du Kamalondo, avec ses vastes zones d'inondations, présente aussi une grande variété de groupements aquatiques ou marécageux. Des îles flottantes dominées par des Papyrus, d'une superficie parfois supérieure à 15 hectares, se détachent fréquemment des rives.




1.2. POTENTIALITES TOURISTIQUES



Dès sa création, développer le tourisme au PNU fut un souci constant des autorités. Les concentrations annuelles ayant toujours été plus grandes au nord qu'au sud, c'est à Lusinga que furent construits dès le début les logements des
visiteurs : d'abord un gîte de passage (± 1948) puis des rondavels (± 1960, 1975) et un guest-house (1973). De 1970 à 1980, le tourisme fut soutenu et bien organisé au départ des grands centres. Les routes étaient correctes et l'infrastructure d'accueil bien adaptée. La capacité de Lusinga était à l'époque de 40 lits. Vers 1980, la Société INVEST signait une convention avec l'IZCN par laquelle elle s'engageait à gérer l'accueil touristique à Lusinga et à réhabiliter l'ancien hôtel de Kiubo, idéalement placé face aux chutes de la Lufira. INVEST souhaitait créer un réseau entre ces deux sites et ses installations en bordure du Domaine de Chasse de Kapanitono, proche du site de lancement de fusées dans le Haut Shaba. Après quelques années, l'activité cessa suite à plusieurs facteurs : insuffisance de capacité électrique, difficultés d'approvisionnement, dégradation des routes, diminution des animaux. Depuis, le tourisme stagne à un niveau très modeste comme en témoignent les statistiques des Stations de Lusinga et de Kayo, où la plupart des touristes visitent les chutes mais n'entrent pas dans le Parc.

_______________________________________________________________

TABLEAU V : Nombre de visiteurs au PNU

Lusinga Kayo Total

1988 205 320 525
1989 256 387 643
1990 251 256 507
_______________________________________________________________

A Kayo, trois rondavels ont été construites pour l'accueil des visiteurs; un gîte d'étape en dur existe aussi au P.P. de Luingila. Aucune des deux Stations ne peut à présent recevoir des groupes importants de visiteurs à cause de l'insuffisance de literie et de l'absence de restauration et de carburant. Malgré celà, les visiteurs se disent ravis de l'accueil et de l'amabilité exemplaire du personnel de l'IZCN.
Outre sa faune spectaculaire, l'Upemba présente un potentiel touristique très grand, qui n'est pas (ou plus) exploité : les gorges encaissées de la Pelenge, les chutes de la Munte et de la Kalumengongo, un réseau développé de pistes formant des circuits circulaires de longueurs diverses, les salines de Ganza où s'observent de grandes concentrations animales, la vallée de la Lufira, le lac Upemba, etc. L'infrastructure actuelle est désormais insuffisante pour en assurer une exploitation satisfaisante. La dévaluation du Zaïre-monnaie a rendu le prix du permis de visite dérisoire (2500 Z pour un étranger résident, soit environ 0.74 US$ ou 23 FB en février 1991) et l'IZCN devra revoir rapidement sa grille barémique.
Il est certain que la dégradation des routes d'accès au PNU fut un facteur déterminant de la diminution des visiteurs car les pistes du parc, passant pour la plupart sur des lignes de crête, sont en bon état. Les Tableaux VI et VII donnent les distances kilométriques entre quelques points de repère principaux dans et autour des secteurs nord et sud du PNU. Un problème majeur pour le développement du tourisme est également l'impossibilité de traverser la Lufira, ce qui interdit les jonctions Lusinga/Kayo et Lusinga/Mabwe. De plus, l'état de certains tronçons de pistes escarpées dans les contreforts et celui de certains ponts limitent les visiteurs aux pistes de plateau du secteur nord. Rares sont les visiteurs qui vont sur les pistes du secteur sud tant la grande faune y est dispersée (je n'y ai vu que 6 cobes des roseaux en 3 jours de piste).
Un autre facteur pouvant expliquer la diminution du tourisme est le nombre de plus en plus restreint d'expatriés employés dans les entreprises du Shaba.




1.3. PERSONNEL DE GESTION



Le PNU est géré en deux entités séparées et autonomes, par un conservateur basé à Lusinga pour le secteur nord et son collègue résidant à Kayo pour le secteur sud. Le personnel se répartit comme suit :

PNU Nord PNU Sud Total

Cadre technique 3 5 8
C. administratif 3 2 5
Gardes 72 53 125
Travailleurs 22 7 29
___ ___ ___
Total 100 67 167
On constate qu'il y a donc 125 gardes pour surveiller les 1.300.00 ha du PNU, ce qui représente 1 garde pour 10.400 ha. A écosystèmes similaires, on peut comparer ce chiffre avec l'effectif du secteur centre du Parc National des Virunga, 145 gardes pour 230.000 ha, soit 1 garde pour 1586 ha ou avec l'effectif du Parc National de la Garamba, 180 gardes pour 492.000 ha, soit 1 garde pour 2733 ha. On constate que ces deux derniers parcs ont un effectif mieux adapté au standard généralement accepté pour les parcs de savane, soit 1 garde pour environ 2500 ha.
Dans tous les rapports récents, les conservateurs ont attiré l'attention de la Direction Générale sur l'insuffisance dramatique de l'effectif des gardes et les conséquences désastreuses sur la faune. Le manque de véhicules et/ou de carburant et les difficultés d'approvisionnement expliquent l'abandon au début des années '80 de plusieurs P.P. éloignés et le retour des gardes dans les stations. Le déploiement actuel est le suivant :

PNU-Nord : Lusinga : 39 PNU-Sud : Kayo : 12
Kapelo : 4 Ngulungu : 3
Mukana : 6 Lungeya : 2
Kanzovu : 3 Mwaley : 3
Fubwe : 4 Kake : 3
Muzi : 4 Sange : 4
Kanu : 5 Luingila : 3
Mabwe : 6 Kanshipa : 3
Kiubo : 2 Samba : 4
Mayungwe : 2
Kazele : 5
Pinga : 4
Kaluy : 4
Missa : 1


Les conservateurs rapportent aussi un nombre croissant de démissions du personnel pour insuffisance de salaire et se plaignent du retard pris par la D. G. pour nommer dans le cadre les nouveaux gardes incorporés. Ils réclament en outre l'engagement d'un infirmier (Kayo) ou d'enseignants (Lusinga).
On constate l'absence de chercheur scientifique au PNU. L'IZCN étant chargé de gérer les Domaines de Chasse, le personnel du PNU compte en principe des gardes chargés de la surveillance des D.C. de Lubudi-Sampwe (P.P. de Mukana et Kiubo) et de Mulumbu (Station de Kayo). En pratique, tout l'effort des patrouilles est orienté vers le Parc et l'on dit que la faune des D.C. a été décimée.

TABLEAU VI : Distances kilométriques PNU-Nord (*)













CHUTES KALUMENGONGO (4)
PONT MUNTE (55)
MITWABA (22)

PONT MUNTE P.P.KANU (62) P.P.MUZI (10)
PAR LA MUYE (76)
P.P.FUBWE (13)

ex-bac KASWABILENGA LUSINGA (8) P.P.KANZOVU (7) PONT LUVUA
(22) (23)
PONT ZENZE (65)
P.P.KAPELO (22)
RIV.LUFIRA
ex bac P.P.KASANGA (7)
MUMBOLO (52)

KIUBO (57)

DIKULUWE (53)

BUNKEYA (80)

LIKASI (120) LUBUMBASHI

TABLEAU VII : Distances kilométriques PNU-Sud (*)













ex-bac LUFIRA (9)
MABWE (80)
ex-P.P.KANUNDULA (19)

P.P.SAMBA (21)
KINTOBONGO (120)
P.P.KANSHIPA (26)
BUKAMA (52)
P.P.LUINGILA (13)

(circuit Lupandwe P.P.SANGE (15)
LUENA (120) ± 40 km)
P.P.KAKE (15)

P.P.MWALEY (19)
P.P.NGULUNGU (13)
P.P.LUNGEYA (10)


KAYO (15)


LUBUDI (211) LIKASI (120) LUBUMBASHI

1.4. INFRASTRUCTURE ET MATERIEL



a) PNU-Nord


Les bâtiments de la Station de Lusinga datent, pour les plus anciens, des années '40 à '50; la solidité de ces premières constructions explique leur bon état de conservation, bien que quelques interventions soient nécessaires.
Lusinga est construit sur la crête d'une avancée de colline et les bâtiments comprennent : la maison du conservateur, celle de son adjoint, un gîte de passage, un garage avec magasins, un guest-house, 9 pavillons touristiques (type rondavels rondes ou ovales), un bureau principal (conservateur, secrétaire, radio), un dispensaire, 3 bureaux individuels (comptable, officier, sous-officier des gardes), un atelier de menuiserie avec cantine, un corps de garde et un camp du personnel comprenant 36 maisons uni- ou multifamiliales de types divers mais toutes construites en "dur".
En outre, plusieurs bâtiments de la station disposent d'électricité grâce à une turbine de 7 KVA (courant continu) alimentée par l'eau de la rivière Lusinga qui, après un barrage de retenue, passe par un canal de dérivation puis une conduite forcée. Le sol très métallifère de Lusinga justifie la présence de plusieurs hauts paratonnerres. La piste d'atterrissage mesure 1400 m et est située à 1 km au nord de la station; son état n'est pas satisfaisant car la couverture des graminées est irrégulière et les touffes isolées peuvent abîmer les trains d'atterrissage.
Le charroi du PNU-Nord se résume à une jeep Toyota Land Cruiser offerte en octobre 1990 par l'USAID et un camion Toyota 6000 datant de 1988. Si la Land Cruiser ne pose pas de problème (16.000 km), le camion (95.000 km) souffre de beaucoup de maux : pneus usés, batterie amortie, phares cassés, pont et freins arrière défectueux, ressorts manquants, démarreur inopérant, etc. Un tracteur Ford 4000 (1978) est immobilisé depuis 4 ans et son moteur est à Lubumbashi en attente de révision; ses pneus sont usés ainsi que ceux d'une grande remorque. Une grande faucheuse de graminées en bon état peut s'adapter sur la prise de force du tracteur.
Le garage est complété par un pont en mauvais état et une forge artisanale, mais l'outillage disponible est largement insuffisant.
Les gardes disposent pour la plupart d'un vélo offert en avril 1990 par l'USAID. Ce matériel fournit des services inestimables mais les pneus s'usent très vite.
La station dispose d'un poste radio YAESU alimenté par panneau solaire qui donne entière satisfaction et met Lusinga en contact avec toutes les stations de la République ainsi que la Direction Générale à Kinshasa.
Plus aucune installation météorologique n'est disponible et les données de température et de pluviométrie, enregistrées dans cette ancienne station depuis des dizaines d'années, font à présent défaut.
A l'exception de Lusinga et du P.P. Fubwe, toutes les maisons de gardes sont en potopoto et dans un état qui laisse à désirer; on notera que, suite au retour à la station à cause de difficultés d'approvisionnement, plusieurs P.P. stratégiques ont été abandonnés (Kaswabilenga, Kipafu, Luanana, Kansanga, Kyampongo, Zenze) laissant ainsi de vastes zones reculées sans présence permanente.



b) PNU-Sud


Les bâtiments de la Station de Kayo datent, pour les plus anciens, du début des années '60, de même que les maisons du P.P. Lungea, premier poste à l'entrée du Parc. Kayo a toujours semblé revêtir une importance moindre que Lusinga, probablement parce que les grands mammifères ont toujours été moins abondants dans le secteur sud du Parc. En conséquence, moins de gardes sont affectés à Kayo et dans les P.P. du PNU-Sud. Les bâtiments de la Station comprennent : un bureau d'accueil, un camp du personnel avec 14 maisons, 3 pavillons (rondavels) touristiques, un bureau administratif, la maison du conservateur et celle de son adjoint, une école (2 classes pour 4 années) en potopoto, la maison des enseignants, 4 maisons de travailleurs, 2 doubles maisons de cadres. L'état de la quasi-totalité de ces bâtiments réclame une réfection ou une réparation.
Malgré la proximité de la rivière Kalule-Nord et des chutes de Kayo, la Station ne dispose pas d'électricité et il semble qu'aucune turbine n'y ait jamais été installée. Une piste d'atterrissage de 1000 m a été aménagée au début des années '70 mais n'a plus été utilisée depuis quinze ans. Très décentrée, la Station de Kayo est à 15 km au nord de Lubudi et à 14 km au sud du Parc, dans le Domaine de Chasse de Mulumbu. Tout comme Lusinga, cette situation périphérique ne peut être efficace que si les communications avec le Parc et les P.P. sont faciles, ce qui n'est malheureusement pas le cas. Outre la question de l'état des pistes (cf ultra), Kayo ne dispose d'aucun véhicule depuis 1988, date d'immobilisation du Pick-Up Isuzu. Heureusement, les gardes disposent ici aussi de vélos offerts par l'USAID et qui sont les seuls moyens de communication du Parc; la tournée que j'ai effectuée dans les P.P. a permis au conservateur de visiter des P.P. laissés seuls depuis 6 mois.
Kayo dispose toutefois d'un moteur hors-bord de 25 CV utilisé occasionnellement pour aller patrouiller dans les lacs de la Zone Annexe.
Si Lusinga est doté d'un poste de radio performant, Kayo ne possède qu'un ancien poste à cristaux fonctionnant sur piles. Les communications sont limitées à des contacts avec Lusinga, Katwe et Lubumbashi lorsque les piles ne sontpas trop "plates". Ici non plus, il n'y a plus d'instrument de mesure météo ni d'outillage. Ce manque de moyens de communication est sans doute encore plus crucial qu'au PNU-Nord puisque le nombre de P.P. existants est plus élevé (13 contre 8) en raison de la plus grande étendue du secteur sud. L'abandon de 4 P.P. (Kanundula, Madjobwe, Sanga et Kanonga) il y a quelques années est ressenti encore maintenant avec une amertume profonde.





2. PROBLEMES ACTUELS




2.1. BRACONNAGE ET GARDIENNAGE



Les grands traits caractéristiques du braconnage au PNU ont été esquissés dans l'introduction et détaillés par LUKWESA (1977); ils sont similaires à ceux que connaît le PNK. Son ampleur et ses conséquences sont le résultat de deux séries de facteurs : d'une part, la forte demande de viande de chasse et de poisson dans les agglomérations, satisfaite par une organisation commerciale qui n'est entravée par aucun contrôle, et, d'autre part, une inadaptation de l'effectif et du matériel, aggravée par un manque de formation et de motivation des gardes, qui ne peut endiguer l'énorme pression sur le Parc.
Un autre type de pression s'exerce par le désir toujours vivace de certaines populations de se réinstaller dans le PNU ou d'occuper illégalement un territoire toujours plus grand, comme c'est le cas le long de la rive occidentale du lac Upemba. Dans cette zone, la population déborde largement de l'enclave de 5 x 20 km autour de Mabwe où l'on espérait regrouper tous les villages. Au cours du survol effectué le 01.03, j'ai survolé cette rive du nord au sud et j'ai constaté qu'elle est habitée par des milliers de personnes, que des villages comme Kilumbi et Kisungi sont beaucoup plus importants que Mabwe, et que le Parc est défriché à plus de 10 km de la rive pour y installer de vastes champs de manioc et de maïs.
La population humaine dans la Zone Annexe est aussi importante, et de grandes agglomérations sont implantées le long de la route menant à Kintobongo et Missa. Le nombre élevé de pirogues, de nasses et de filets témoigne de l'intensité de la pêche dans toute la Z.A.; ici aussi, l'hostilité de la population vis-à-vis du Parc a été exacerbée par la levée de la "taxe sur la conservation de la nature" qui équivaut au droit de pêche. A plusieurs reprises, des Chefs Coutumiers et certains élus locaux ont invité la population à ne pas la payer, alors que d'autres ont collaboré avec le Parc dans l'espoir d'une rétribution quelconque. L'absence quasi complète de contrôle et de surveillance dans la Z.A. explique le commerce florissant de poisson et de viande qui en proviennent et qui sont évacués par Bukana vers le sud ou par le Lualaba vers le nord. On dit que chaque semaine des camions et des bateaux emportent la viande de dizaines de lechwe et de sitatunga. L'activité même des pêcheurs dérange ces antilopes des zones marécageuses et lacustres, particulièrement en saison sèche, lorsque les pêcheurs campent sur les "flats" exondés, là même où les lechwe cherchent à mettre bas.
La disposition et le nombre actuel de P.P., ainsi que le nombre de gardes, sont très mal adaptés aux menaces que le braconnage fait peser sur le Parc. L'arrestation de braconniers par des gardes du secteur nord a montré que ceux-ci venaient parfois de villages à 70 km au sud, de l'autre côté de la Lufira.
En '88 et '89, on a arrêté au PNU-Nord 321 braconniers et on a saisi 28 armes à feu, 453 collets métalliques, 36 pointes d'ivoire et un nombre élevé d'autres armes et de trophées divers. Certaines années,les amendes transactionnelles représentent jusqu'à 10 % des recettes de la Station. GOODSON (1988) analyse le braconnage dans les différents secteurs du Parc en fonction de la situation socio-économique de la population locale et relève les faiblesses de l'organisation interne : bas niveau de salaire, collaboration avec la population locale, intimidation, manque de contrôle des P.P. isolés, difficulté d'approvisionnement, de scolarisation et d'accès aux soins de santé, manque d'équipement et de formation adéquate. Un élément supplémentaire particulièrement démotivant pour le personnel du Parc est le peu de collaboration de la part des "autorités politico-administratives" locales qui, sauf rares exceptions, limitent l'expression de leur motivation à un discours de bonnes intentions. La participation active de certains membres de l'armée et de la gendarmerie au braconnage dans le PNU a déjà été mentionnée.
Le voisinage des élevages de l'ONDE est également une source de friction. Ceux-ci, installés en limite immédiate du Parc, se plaignent de la perte de nombreuses bêtes par les "fauves" du PNU. D'après les statistiques de l'ONDE, 978 bêtes auraient été tuées par des lions et des hyènes entre 1986 et 1990; la rareté de ces prédateurs dans le Parc fait penser aux conservateurs que ces statistiques sont volontairement gonflées pour cacher la disparition volontaire de bêtes et accuser le Parc. Ils remarquent aussi que les dirigeants des élevages se gardent bien de signaler systématiquement au Parc les cas d'attaques par les fauves ...
On constate en tous cas que le braconnage est orienté avant tout sur les grands mammifères, que les braconniers n'hésitent pas à couvrir des distances considérables pour rejoindre des zones giboyeuses et que le prix de la viande reste malgré tout compétitif (si pas moins cher) par rapport à la viande de bétail domestique.
Ce qui est fort inquiétant, c'est que même au voisinage immédiat des P.P., on ne constate pas de concentration significative des animaux.
Les rapports des conservateurs pour les années 1988 à 1990 attirent l'attention de la Direction Générale sur ces problèmes et évoquent les solutions possibles. Bien peu de ces problèmes ont été résolus et certains se sont aggravés.




2.2. EQUIPEMENT DES GARDES



A part leur tenue d'uniforme, qu'ils portent en dehors des patrouilles de surveillance, les gardes ne disposent pour tout équipement que de leur arme de service : un fusil automatique de type P.30, STEN, MAUSER 52 ou FAL. La D.G. de l'IZCN fait parvenir des munitions de réserve lorsque c'est nécessaire. Ceci veut dire que les gardes n'ont plus le moindre équipement de brousse nécessaire pour les patrouilles de surveillance dans le Parc. Ceci explique qu'ils font beaucoup plus de patrouilles "aller-retour" d'un jour dans le secteur proche de leur P.P. que des patrouilles de plusieurs jours à l'intérieur du Parc. Plus éloignés de la Station que des villages périphériques, les gardes semblent davantage préoccupés par leur approvisionnement que par la surveillance de leur secteur. Le sentiment que la Station ne peut pas améliorer leur sort et ne viendra pas contrôler leur activité encourage certains gardes à mener des activités lucratives illégales.
Le dénuement des gardes est aussi un motif de frustration vis-à-vis de la population locale, qui les déconsidère et s'en moque.

2.3. PISTES, PONTS, BACS



a) PNU-Nord


Jadis très visité par les touristes, le secteur nord jouit encore d'un réseau de pistes bien développé qui donne accès au départ de Lusinga à de nombreux sites intéressants : gorge de la Pelenge, chutes de la Munte, vallée de la Lufira, cascades de la Kalumengongo, savanes de plateau, etc. Comme la plupart de ces pistes passent sur des crêtes, l'eau n'y stagne pas et leur état est bon. Les tronçons de pistes qui descendent vers les vallées passent sur des pentes parfois abruptes et présentent de dangereux ravinements causés par l'érosion. Comme les deux bacs qui fonctionnaient sur la Lufira jusqu'au début des années '70 ont disparu, les pistes qui menaient à Kasanga et à Kaswabilenga ne sont plus empruntées et leur réouverture s'impose. Le premier bac permettait la jonction Lusinga-Kayo (env. 210 km) et le second Lusinga-Mabwe. En regardant la carte du Parc, on se rendra compte de l'importance stratégique de ces deux axes; sans ces deux bacs et la réfection de quelques ponts et pistes d'accès, d'immenses portions du PNU restent sans surveillance. Certaines d'entre elles, comme les salines de Ganza, ont un potentiel faunique et touristique énorme, alors que d'autres, comme la région entre Mabwe et la Lufira, risquent d'être définitivement perdues si l'on n'endigue pas leur envahissement prgressif par la population. La piste menant par le nord aux gorges de la Pelenge n'est plus praticable après le P.P. Kanu et doit être rouverte jusqu'au pont de la Munte (55 km).
Le tablier en bois de celui-ci a été brûlé il y a quelques années par des braconniers et ne peut être franchi qu'à pied. Le pont sur la basse Zenze qui donnait accès, 7 km plus loin, au bac de Kansanga est infranchissable depuis 1987 car le courant, dévié par une accumulation (toujours en place !) de troncs sur les piles, a érodé la rive droite sur environ 12 mètres de distance. Le pont sur la Luvua, qui permettait de boucler de Lusinga un ravissant circuit par les P.P. Kanzovu et Fubwe, nécessite un nouveau tablier. Enfin, les petits ponts en sticks sur les rivières Kafwi, Lubanga et Haute Zenze ne répondent plus aux critères de sécurité les plus élémentaires.

b) PNU-Sud


Ici, le réseau des pistes existantes est fort simplifié : une piste centrale part de Kayo vers le nord-est pour desservir 6 P.P. avant de descendre vers la vallée de la Lufira, franchir deux ponts sur la Kanundula et la Lukoka et d'atteindre l'ancien bac de Kansanga. De cette piste centrale, un circuit dit "de Lupandwe" passe par de superbes savanes de plateau et longe la grande mare de Motomantambo où se dressait naguère un mirador d'observation. La création d'un pont sur la Luingila, au niveau du P.P. de ce nom, permettrait d'ouvrir un autre circuit dit "Bungu", rejoignant le précédent.
Les ponts sur la Ngulungu et la Lungea, en béton armé, sont toujours très solides. De Kayo, une piste de 15 km mène au P.P. Ngulungu : le manque de pont à ce niveau empêche l'accès à la pointe sud-ouest du secteur.

La réouverture complète du réseau de pistes du PNU, tant au nord qu'au sud, est une des conditions impératives pour sa protection. A titre indicatif, le conservateur du PNU-Nord, qui est basé à Lusinga et doit superviser l'important P.P. de Mabwe sur la rive du lac Upemba, doit pour s'y rendre faire le tour complet du Parc par Likasi, Lubudi et Bukama, soit près de 800 km. Par le bac de Kaswabilenga, cette distance était de moins de 200 km.




2.4. ETAT DES BATIMENTS



L'ensemble des bâtiments des Stations de Lusinga et de Katwe nécessitent des travaux de réfection ou des réparations car tant les constructions que les autres installations n'ont plus été entretenues depuis de longues années. A Lusinga, l'état du camp du personnel est particulièrement délabré et plusieurs maisons risquent de s'écrouler à cause de l'érosion extrême des fondations. L'ensemble des toitures, qui sont des tôles ondulées en éternit, devrait être remplacé sous peine de voir les murs définitivement perdus à cause de l'humidité. Plusieurs bâtiments en brique adobe avec toit de paille ont été attaqués par les termites et risquent l'écroulement. La vétusté de la turbine justifierait son remplacement.
En ce qui concerne les P.P. dont toutes les maisons sont en potopoto, la plupart nécessiteraient des réparations car leur état est souvent misérable. On pourrait envisager de reconstruire ces maisons en dur en fabriquant sur place des briques cuites à partir de la terre de termitière; une forme à brique est disponible à Lusinga.
L'état du guest-house est encore satisfaisant, mais celui de plusieurs rondavels laisse à désirer car le chaume du toit est pourri, les murs s'humidifient et le ciment du sol se craquèle.

A Kayo, l'état des bâtiments requiert également une intervention vigoureuse et urgente, tant pour les maisons des cadres qu'au camp du personnel. L'emplacement des 3 rondavels touristiques, situées au milieu du camp entre le bureau administratif et le camp, n'est pas judicieux alors que le site des Chutes de Kayo se prête à un emplacement beaucoup plus scénique.
Malgré la proximité de la rivière Kalule Nord, la Station ne dispose ni d'eau courante, ni d'électricité. Dans le Parc, toutes les maisons des P.P. mériteraient une réfection et le gîte de Luingila devrait être remis en état pour servir de base avancée pour des campagnes de lutte antibraconnage, de recherche scientifique ou des chantiers volants.

Le piètre état général des bâtiments, à l'instar du manque d'équipement, concourt au découragement et au laissez-aller observé chez le personnel. Les conservateurs m'ont avoué qu'ils seraient gênés de devoir recevoir la visite d'une haute personnalité à cause du triste spectacle qu'offrent les Stations.




2.5. MANQUE DE MATERIEL



Les problèmes de gestion que pose le manque de matériel sont dus principalement à l'insuffisance ou à l'absence de véhicules, mais aussi à l'insuffisance d'un budget pour couvrir leur fonctionnement et leur entretien. Ce manque de véhicule handicape fortement les questions d'approvisionnement, de transport des patrouilles et des rations, de contrôle, d'entretien des pistes, etc.
L'absence de turbine, de pompe et d'installation électrique adéquate empêche le rétablissement d'une infrastructure d'accueil de base.
Le manque de bateau et de moteur hors-bord laisse le champ libre à toutes les activités illégales dans la Zone Annexe.
Le manque d'outillage (maçonnerie, menuiserie, mécanique, électricité, plomberie) explique en partie pourquoi les installations existantes se sont dégradées sans une intervention adéquate. Bien sûr, la disponibilité d'un outillage requiert dans le même temps une capacité d'entretien, d'entreposage sûr et de personnel compétent de la part de l'IZCN.
La pauvreté de matériel de promotion touristique (cartes, dépliants, cartes postales) est un frein au développement des visites et l'absence de signalisation dans le PNU est regrettée par les visiteurs.
Des appareils tels que poste à souder, petit générateur, grand frigo-congélateur, etc. permettraient aux Stations de résoudre beaucoup de leurs problèmes et de moins devoir dépendre de l'extérieur.
L'absence d'une cantine dans les Stations, où les denrées de base achetées par le Parc seraient vendues au détail au personnel, représente un problème sérieux. Chaque famille doit donc trouver ces denrées par ses propres moyens, dans les commerces et les marchés locaux. Comme les gardes ne disposent pas toujours des liquidités nécessaires, ils doivent eux-mêmes aller négocier un crédit. Le temps consacré à résoudre ces problèmes d'approvisionnement est pris sur le temps qui devrait être passé à surveiller le Parc.
Le manque de médicaments ou d'école dans les Stations oblige le personnel à sortir pour résoudre ces problèmes parfois très loin du Parc.





3. APPORTS POSSIBLES DU PROJET




3.1. INTRODUCTION



A l'instar de ce qui a été dit pour le PNK, un projet de coopération extérieur peut apporter une partie de la solution au problème de conservation du PNU, mais certainement pas l'essentiel. L'amélioration des conditions de vie et de travail ne constitue qu'un leurre si des éléments aussi vitaux que le salaire, la formation ou la motivation font défaut. Les recommandations (R) qui suivent devront, pour être rendues efficaces, être complétées par un effort de l'IZCN dans un contexte socio-économique national favorable. Si la situation décrite ci-dessus n'est pas particulièrement réjouissante, elle est tout de même aparemment plus favorable à un redressement que ne l'était celle du Parc des Virunga en 1968. Ce dernier a bénéficié de l'apport de plusieurs projets de coopération (AGCD, CEE, WWF) et est en passe de retrouver des conditions de développement idéales, partiellement grâce à l'appui des partenaires extérieurs mais aussi et surtout parce que l'IZCN a décidé d'y investir une part importante de son attention et de ses efforts. L'Upemba est plus vaste que les Virunga; ses paysages, sa faune et sa flore sont pratiquement aussi diversifiés et son caractère de sanctuaire est similaire. On peut espérer que l'apport d'un projet soit aussi le détonateur d'un intérêt renouvelé pour ce site unique au Zaïre.




3.2. EQUIPEMENT DES GARDES



Le projet devrait intervenir en fournissant l'ensemble de l'équipement de brousse nécessaire aux gardes pour leurs patrouilles de surveillance. Le détail du matériel est donné au point E et sa quantité est calculée pour un nombre de gardes supérieur à l'effectif actuel : pour le PNU-Nord, l'effectif escompté est de 95 unités au lieu de 72 actuellement et, pour le PNU-Sud, l'effectif escompté est de 80 unités au lieu de 53 actuellement. La quantité de certains équipements (bottines, tenues, pull-over, etc.) est calculée en fonction de son remplacement après deux ans d'utilisation et en fonction du nombre escompté de P.P. dans chaque secteur (PNU-Nord : 14, PNU-Sud : 17). L'équipement de brousse recommandé comporte le matériel de base sans lequel un garde ne peut décemment pas réaliser le travail qu'on attend de lui.




3.3. PISTES, PONTS, BACS



Le projet devrait fournir au PNU les moyens de réfectionner, d'élargir et d'entretenir son réseau de pistes. Il devrait financer la réfection des ponts défectueux et la construction de ponts manquants, et rétablir les deux bacs sur la Lufira si l'IZCN accepte d'y réinstaller et d'y maintenir un P.P.
Les actions nécessaires sont les suivantes :
- réfection des ponts sur la Zenze (compléter l'ouvrage par 3 piles et un tablier en béton de 12 m), la Munte (nouveau tablier métallique), la Luvwa (tablier en béton de 8 m), la Kafwi, la Lubanga et la Haute Zenze (tablier en béton de 6 m), dans le secteur nord;
- création d'un pont sur la Luingila (tablier en béton de 8 m), réfection et achèvement des ponts sur la Kanundula et la Lukoka (tabliers métalliques), création d'un pont au P.P. Ngulungu, dans le secteur sud;
- exploration préparatoire à la réouverture éventuelle de l'ancienne piste Gécamines qui parcourt la région méridionale du secteur sud et estimation des coûts de réouverture jusqu'au P.P. Mayungwe;
- réouverture des pistes abandonnées : P.P. Kanu jusqu'au pont Munte (50 km), pont Munte jusqu'à Kaswabilenga (20 km), Lufira-Mabwe (80 km), pont Zenze jusqu'à Kansanga (7 km), pont Luvwa jusqu'au P.P. Fubwe (10 km), dans le secteur nord;
P.P. Samba jusqu'aux salines de Ganza (60 km), circuit Bungu (15 km), dans le secteur sud;
- installation de deux nouveaux bacs à cables sur la Lufira après étude d'identification des sites les plus propices vers Kansanga et Kaswabilenga;
- aménagement des accès aux chutes de Kayo et aux cascades de Kalumengongo (escalier, rampes, garde-fou, postes d'observation).

Dans son rapport sur la réhabilitation du PNU, GOODSON (1988) estimait que le remplacement des bacs ne se justifiait pas dans la mesure où très peu de véhicules les utilisaient. A l'époque de leur fonctionnement, aucun projet d'appui n'existait et le Parc comptait 2 véhicules, mais la présence de gardes dans cette zone centrale dissuadait les braconniers. De l'avis des Conservateurs actuels et anciens, le bac favorisait les passages entre Lusinga et Mabwe en économisant temps et argent. On pourrait ajouter que l'absence de bac a certainement été une cause de l'amplification du braconnage.

Le projet prévoira également les salaires, rations et outillage pour les travailleurs temporaires à engager pour ces chantiers.
Le projet devrait remettre en état la piste d'atterrissage de Lusinga; de l'avis d'un expert (M. MINNE, Comm. pers.), il serait nécessaire de reniveler la surface afin d'éliminer les bouquets de Paspalum, scarifier la terre latéritique et replanter avec une graminée mieux adaptée après compactage. La piste de Lusinga est très importante d'un point de vue touristique, stratégique et scientifique; sa dégradation concourt à celle du PNU.

3.4. REFECTIONS ET CONSTRUCTIONS DE BATIMENTS



Les interventions suivantes sont recommandées afin de mettre fin à la dégradation continue de l'infrastructure et d'améliorer les conditions de vie du personnel et de leur famille.



a) PNU-Nord


- reconstruction du bureau administratif en briques avec crépi, toiture en tôle, sol cimenté, portes, fenêtres et mobilier, peinture, comprenant un grand bureau (conservateur) et 3 petits (adjoint, secrétaire, radio);
- garage et magasins : réparer pavement, entretenir armature métallique du toit, remplacer tôles, vitres, repeindre;
- construire un nouveau pont pour véhicules;
- construire un local pour forge artisanale et soudure;
- gîte de passage : réfection de la maçonnerie, remplacer tôles, réparer plomberie, peinture, pavement intérieur et extérieur;
- maison conservateur : pavement extérieur, réparer cheminées, peinture, remplacer châssis de fenêtres et portes, nouveaux joints entre toiture et murs, remplacer sanitaires, rétablir le fonctionnement des canalisations amenant l'eau au gîte et aux pavillons, construire nouveau château d'eau, mobilier;
- maison adjoint : réfection maçonnerie, remplacer toiture;
- pavillons touristiques : refaire toitures (tôles + chaume), pavement, placer des plafonds, réfection du système d'eau, literie et mobilier;
- réparation et renforcement des digues du barrage de retenue d'eau (fuites) et du canal de dérivation, maçonnerie des chambres de visite;
- réfection des abris pour la turbine et pour la pompe;
- réfection de toutes les maisons du camp du personnel (tôles, vitres, maçonnerie, pavements, peinture, châssis et portes, WC);
- construction d'un nouveau corps de garde + annexe et magasin;
- installation d'une fontaine au milieu du camp de gardes;
- construction de 14 P.P. de 5 maisons en briques cuites et toits en tôle;
- construction d'une école de 6 classes.

b) PNU-Sud


- réfection de la maison des enseignants : toiture, châssis, peinture;
- réfection des 2 maisons doubles de cadres : toiture, châssis, pavement, peinture;
- construction de 4 maisons doubles pour travailleurs (brique adobe);
- construction d'un nouveau camp du personnel en briques
cuites : 15 maisons + WC;
- maison conservateur : remplacer toiture, réparer cheminées, réparer crépi, maçonner pavement extérieur, mobilier, peinture;
- maison adjoint : refaire crépi, réparer pavement intérieur, remplacer toiture, réparer fissures, peinture, remplacer quelques châssis;
- construction d'une école de 6 classes (qui sert aussi au village voisin);
- installation d'une fontaine au centre du camp;
- bureau administratif : remplacer charpente et toiture, peinture, mobilier;
- construction d'un atelier-garage et d'un pont pour véhicules;
- transformer les 3 pavillons touristiques en (1) bureau d'accueil, (2) dispensaire et (3) cantine; remplacer toiture avec tôle + chaume;
- construire 3 rondavels doubles (2 x 2 lits avec sanitaires) en face des chutes; mobilier;
- transformer l'actuel centre d'accueil en corps de garde;
- construction de 17 P.P. en briques cuites avec toit en tôle.




3.5. FOURNITURE DE MATERIEL



Le matériel suivant, dont la fourniture par le projet est recommandée, ne constitue en aucun cas un luxe dont pourrait facilement se passer le PNU. Il concourt au bien-être du personnel, à la protection du parc ou à son équipement; dans tous les cas, il contribue à son développement et à une meilleure gestion.

La proximité de cours d'eau près des deux Stations permet l'installation de l'électricité et de l'eau courante. Le matériel suivant est nécessaire :
- 2 turbines;
- 2 alternateurs;
- 2 pompes à eau électriques;
- 2 tableaux électriques;
- 350 à 400 m de tuyauterie métallique + pièces d'assemblage;
- câble électrique;
- matériel électrique pour la distribution dans certains bâtiments et dans le camp;
- matériel et accessoires de plomberie pour l'installation ou le remplacement des tuyauteries dans certains bâtiments;
- équipement sanitaire.
Les spécifications techniques et la liste précise de ce matériel devront être établies suite à un inventaire qui sera dressé par un technicien à envoyer avant le début du projet.

Le projet devrait fournir également le matériel suivant :
- un jeu de paratonnerres efficaces pour Lusinga;
- deux machines à coudre dans chaque Station;
- le matériel nécessaire pour la création de 4 stations météo de brousse (pluviomètres, thermomètres max-min, anémomètre, girouette, abri);
- un stock de matériel de bureau;
- deux moulins à maïs pour les Stations;
- deux gros tire-fort;
- deux grands frigos-congélateurs;
- deux postes à souder;
- deux sets complets d'outillage simple pour l'entretien des pistes, la construction de bâtiments, la mécanique, l'électricité, la plomberie, la menuiserie.

Concernant le charroi, je recommande la fourniture des véhicules (1) suivants :

a) PNU-Nord : - une seconde Toyota Land Cruiser pour le transport des patrouilles et la surveillance;
- une jeep Suzuki pour les déplacements locaux;
- 2 motos Yamaha 125 cc;
- 50 vélos + 100 pneus de rechange;
- 1 camion 4,5 T 4x4;
- réparation du camion Toyota 6000 existant;
- 1 gros tracteur + lame niveleuse frontale + remorque;
- réparation du tracteur et de la remorque existants + nouveaux pneus;
- 2 canots + 2 moteurs hors-bord 25 CV pour patrouilles sur la Lufira et le lac Upemba.

b) PNU-Sud : - une Toyota Land Cruiser (patrouilles);
- une jeep Suzuki (déplacements locaux);
- un camion 4,5 T 4x4 (approvisionnement, chantiers);
- 2 motos Yamaha 125 cc;
- 1 gros tracteur + lame niveleuse frontale + remorque (pistes, chantiers);
- 2 canots + 1 moteur hors-bord 25 CV (patrouilles sur lacs de la Z.A.);
- 40 vélos + 80 pneus de rechange.

Concernant l'équipement radio, le projet devrait fournir au PNU le matériel suivant :
- installation d'une phonie fixe YAESU (3 bandes de fréquence) avec panneau solaire d'alimentation et antenne pour Kayo;
- installation de deux phonies mobiles pour les Land Cruiser des deux Stations;
- installation de 4 phonies fixes à panneaux solaires + antennes dans les P.P. stratégiques de Pinga et Luingila (PNU-Sud) et de Mabwe et Kiubo (PNU-Nord);
- fourniture de 12 motorola (6 par secteur) avec 2 chargeurs de batterie à brancher sur panneaux solaires, pour les patrouilles volantes.




3.6. AUTRES INITIATIVES



Le projet devrait prévoir un quota d'heures de vol (environ 150 heures par an); l'étendue du PNU justifie des vols de surveillance réguliers qui peuvent servir à la reconnaissance écologique et aux photos aériennes. Le CESSNA 180 de l'IZCN, bloqué à Lubumbashi depuis 1983 en raison d'un manque apparent de fonds pour sa réparation, devrait être vendu d'urgence avant qu'il ait perdu complètement de sa valeur. Dans le passé, cet avion a rendu de grands services au Parc et a permis de localiser les installations illégales et les concentrations animales et de suivre l'évolution de la faune, ce qui a permis durant longtemps le renforcement de sa protection. Le survol régulier du PNU et du PNK est une condition sine qua non du monitoring d'une aire protégée aussi vaste. La location d'avions de types divers est facilement négociable avec l'aéroclub de Lubumbashi ou avec différentes sociétés privées de la place.
Le projet devrait étudier, puis financer, différents types d'actions susceptibles de relancer le tourisme dans le PNU et la Zone Annexe. Différentes activités seraient susceptibles de susciter l'intérêt des visiteurs, en particulier :
- excursion en bateau dans les lacs et les marais,
- pêche sportive,
- observation ornithologique,
- descente de la Lufira,
- safaris accompagnés à pied dans le Parc,
- etc.
Ces développements nécessitent la provision, dans le projet, d'un fonds permettant l'achat de matériel divers (canot, moteur hors-bord, cannes à pêche + accessoires, jumelles, tentes, matériel de camping) affecté exclusivement à ces activités et sous la responsabilité d'un gestionnaire désigné de commun accord par l'IZCN et le chef de projet.
A plusieurs reprises, j'ai insisté sur l'importance de pouvoir disposer dans les Stations de denrées alimentaires de base qu'actuellement le personnel va chercher dans les localités voisines du Parc. De même, le Parc devrait pouvoir fournir les médicaments de première nécessité à son personnel; comme les frais de fonctionnement ne permettent plus aux Stations de s'approvisionner régulièrement, le personnel va se faire soigner, le plus souvent à ses frais, dans les sections de la Croix-Rouge locales, dans un dispensaire voisin ou auprès des guérisseurs locaux.
Je recommande donc que le projet initie la gestion d'une cantine et d'un dispensaire dans chaque Station par un fonds de roulement géré par des personnes désignées par l'IZCN et le chef de projet. Les denrées et médicaments seraient vendus sans aucun profit, dans l'esprit d'un service dû au personnel. Le produit de la vente irait réapprovisionner le fonds de roulement.

Dans le même esprit, le projet pourrait mettre à la disposition du personnel des graines et plants pour les champs et plantations du personnel ainsi que du matériel de protection des cultures (fil de clôture, pièges à rats, etc.). Cette initiative encouragerait les gardes - et particulièrement ceux des P.P. éloignés - à produire plus de vivres pour leur famille, ce qui les obligerait moins à sortir du Parc pour s'approvisionner sur les marchés voisins.
L'IZCN devrait, parallèlement, obliger tous les gardes à cultiver une surface minimale comprenant quelques aliments de base, de sorte que ceux-ci puissent trouver une quantité de nourriture garantie en cas de mutation. En effet, la menace de mutation est souvent invoquée comme raison pour ne pas produire plus de nourriture dans les P.P.
La plantation d'arbres indigènes pour la production de bois de feu - en particulier autour des Stations - est vivement recommandée. La galerie forestière longeant la rivière Lusinga près de sa source a été gravement endommagée par l'abattage d'arbre vivants, ce qui peut constituer une menace potentielle pour l'approvisionnement en eau et en électricité de la Station.
Le long de certaines limites du PNU, la matérialisation est nécessaire pour mettre fin à des palabres avec les villages voisins. Le projet devrait fournir une centaine de plaques à placer à certains emplacements-clés, conjointement avec les autorités locales. A d'autres endroits boisés, ce sont des layons qu'il faudrait ouvrir pour marquer la limite :le projet réservera un montant à cette activité. Le sujet des limites du PNU est très sensible, aussi est-il indispensable que la délimitation se réalise au moment et aux lieux les plus propices, qui seront définis par l'IZCN.

La situation du braconnage dans le PNU étant extrêmement inquiétante, je propose que le projet prévoie un fonds permettant de payer des primes spéciales aux gardes méritants, sur base de leurs performances dans la lutte anti-braconnage, et aux Chefs Coutumiers locaux en fonction des initiatives de coopéraion dont ils auront fait preuve vis-à-vis du Parc. Ce fonds serait géré conjointement par les conservateurs et le chef de projet.

C. LE BUREAU DE COORDINATION REGIONALE





Les activités des parcs du "Pool Shaba" sont supervisées et coordonnées par le responsable du Bureau de Coordination Régionale situé à Lubumbashi. Sa localisation, si elle n'est pas centrale par rapport aux trois Stations concernées (Likasi aurait été plus logique), se justifie par la proximité des administrations régionales, du Gouvernorat, de l'aéroport, du siège des sociétés principales, des commerces et des banques. Ce bureau facilite donc considérablement toutes les démarches requises par la gestion du PNK et du PNU. Le Coordinateur Régional est en contact journalier par phonie avec les trois Stations mais pas avec la Direction Générale à Kinshasa. Celle-ci lui confie régulièrement différentes missions d'intérêt général. L'actuel Coordonnateur - le conservateur en chef MAKABUZA - fut le premier conservateur zaïrois du PNU où il resta en poste de longues années. Sa connaissance du terrain, de l'histoire du Parc et du contexte socio-politique qui l'entoure est un atout précieux dans la position actuelle qu'il occupe depuis le mois de septembre 1990.
Malgré l'importance de sa tâche et la lourde responsabilité qui lui a été confiée par l'IZCN, le Coordonnateur est fortement handicapé dans son travail par l'absence d'une phonie performante et d'un véhicule de service.
Etant donné tout l'avantage pour le projet d'avoir l'appui d'un bureau IZCN à Lubumbashi et de pouvoir compter sur une collaboration active de son responsable, je recommande que le projet fournisse également le matériel suivant au Bureau de Coordination :
- une jeep Toyota Land Cruiser châssis court pour les missions d'inspection et de coordination dans les parcs; ce véhicule pourra aussi faciliter les déplacements des autorités et visiteurs de l'IZCN en mission;
- une phonie YAESU alimentée par panneau solaire pour connecter le Bureau non seulement avec les Stations du Shaba mais aussi avec tout le réseau IZCN national;
- la rénovation du bureau de Lubumbashi et la fourniture de matériel de bureau.
Notons également que les contacts entre le Coordonnateur et les conservateurs (en ce qui concerne la surveillance des parcs, le monitoring, le paiement des salaires, la transmission de documents, la livraison de pièces, etc.) seront considérablement facilités par la disponibilité régulière d'un avion au départ de Lubumbashi. Si le quota annuel d'heures de vol proposé (150 heures) est retenu, cela permettra des survols mensuels d'une durée totale de douze heures et demie.

D. PERSONNEL DU PROJET





Un projet de co-opération ne se réalise pas unilatéralement : une grande partie des réalisations de ce projet dépend aussi du dynamisme avec lequel l'IZCN décidera de s'y impliquer, non en assisté mais en partenaire. La réhabilitation des infrastructures, l'entretien et la gestion de l'équipement devront se réaliser en étroite collaboration avec le personnel local; il sera donc non seulement nécessaire d'engager et d'encadrer des équipes d'ouvriers temporaires pour les constructions, mais aussi de former du personnel IZCN pour la gestion de l'outil à long terme.
Pour l'accomplissement de toutes ces tâches, je recommande donc que pendant la durée de la première phase de ce projet
- 4 ans - trois experts expatriés soient affectés à sa mise en oeuvre.


a) Un Chef de projet : il sera chargé de l'organisation générale et de la gestion du projet, des contacts avec le Coordonnateur Régional et les conservateurs, de la programmation et de la supervision des activités sur le terrain et dans les stations, de la formation de techniciens zaïrois de l'IZCN et de la supervision des installations dans les Stations (mécanique, électricité, plomberie, menuiserie). Il sera l'homologue du Coordonnateur Régional et rapportera directement au Président Délégué Général de l'IZCN. Cette personne devrait avoir une longue expérience d'organisation de gestion et de formation dans des conditions de brousse en Afrique centrale, si possible dans des parcs nationaux. Il devra faire état de profondes connaissances dans les domaines techniques cités et amener la preuve de réalisations concrètes effectuées avec des équipes de travailleurs africains.

b) Un responsable technique : il sera chargé de l'organisation des chantiers de
construction dans les Stations et les P.P., de l'entretien des pistes, de création et de la réfection des ponts et caniveaux. Avec l'accord de l'IZCN et conjointement avec le conservateur de chaque secteur, il contribuera à la formation des gardes et à la coordination de leurs activités sur le terrain. Il sera l'homologue des conservateurs et rapportera au chef de projet. Il apportera la preuve d'une expérience dans l'organisation d'équipes de travailleurs dans des conditions de brousse et dans la formation au métier de garde. Il aura une bonne expérience pratique des chantiers de construction.

c) Un responsable scientifique : il sera chargé d'établir un plan de gestion à long terme
des deux parcs, y compris de leurs Zones Annexes et des Domaines de Chasse de Mulumbu et de Lubudi-Sampwe. A cette fin, il réalisera un inventaire faunistique et établira le statut de conservation des mammifères, oiseaux et poissons des parcs en collaboration avec les chercheurs désignés par l'IZCN. Il formera ceux-ci aux techniques de recherches écologiques et de surveillance continue sur le terrain. Il collaborera au développement et à la promotion d'activités touristiques évoquées au point 3.6. Il fera état d'une expérience d'au moins 4 ans dans les parcs nationaux en Afrique. Il participera au programme d'éducation mésologique prévu par SELIGMAN (1991) en périphérie du Parc.


Chacune de ces personnes sera dotée d'un véhicule type Toyota Land Cruiser équipé d'une phonie, d'un matériel complet de camping en brousse et de frais de fonctionnement et du matériel spécifique en rapport avec leurs termes de référence.

De plus, le projet devra prévoir l'engagement d'un personnel d'appui zaïrois pendant toute sa durée. Je pense en particulier à :
- deux chauffeurs-mécaniciens (véhicules légers);
- deux chauffeurs-mécaniciens (véhicules lourds);
- un administrateur (supervision du personnel, démarches administratives,...);
- un secrétaire-comptable.

E. COUT DU PROJET





En sériant les différentes recommandations de financement dans le cadre de ce projet, on peut distinguer les catégories de dépenses suivantes :

a) réfection/création de pistes, de ponts et de bacs, ouverture de layons, démarcation de limites;

b) réfection et construction de bâtiments;

c) fourniture d'équipement et de matériel;

d) frais relatifs à une "brigade routière" et une "brigade de génie civil", frais de l'équipement et de fonctionnement du personnel expatrié et du personnel associé au prjet et frais des missions ponctuelles.

Les chiffres qui suivent ne représentent pas le calcul exact de chacun des postes mais bien une estimation faite en Unités de Compte Européennes (ECU) (1) sur base d'informations recueillies auprès de personnes spécialisées; ce sont donc des approximations les plus réalistes possible destinées uniquement à figurer les coûts probables du projet. Elles ne tiennent cependant comptes ni de l'inflation ni de la fluctuation des prix durant cette période de quatre ans.
Dans les tableaux suivants, les recommandations figurant aux points A3, B3, C et D ci-avant sont repris par catégories et chiffrées. Le degré de priorité correspondant reflète l'importance que le consultant attache à une réalisation rapide de cette recommandation.

Les abréviations utilisées dans ces tableaux sont les
suivantes :
KUN : Parc National des Kundelungu
LUS : Parc National de l'Upemba, secteur Nord
KAY : Parc National de l'Upemba, secteur Sud
LUB : Bureau de Coordination des Parcs Nationaux à Lubumbashi
PNU : Parc National de l'Upemba






a) Pistes, ponts, bacs, layons, etc.


Degré de priorité

1 2

KUN : -construction de 4 ponts en maçonnerie de
4, 6, 6 et 8 m 8.500
-installation de buses, entretien caniveaux
et rechargement digues (50 km x 40) 2.000
-réparation portions escarpées des
pistes (45 km x 600) 27.000
-réouverture piste Katwe-Katofyo
(65 km x 1500) 97.500
-aménagement abords des chutes 10.000
-panneaux de signalisation et de
délimitation 4.700

LUS : -réfection de 6 ponts 11.000
-route d'accès Mumbomlo-Kapelo
(22 km x 1500) 33.000

KAY : -réfection/construction de 4 ponts 9.000

PNU : -réouverture des pistes
abandonnées (250 km x 1500) 375.000
-installation de 2 bacs à cables
sur la Lufira (x 65.000) 130.000

LUS : -aménagement des abords des chutes 10.000
-remise en état de la piste
d'atterrissage 3.500

PNU : -panneaux de signalisation et de déli-
mitation, ouvertures de layons 4.700
_______ _______

619.000 106.900













b) Réfection et construction de bâtiments


Degré de priorité

1 2

KUN : -construction de 12 P.P. (x 3500) 42.000
-construction maison conservateur 5.500
-construction cantine + magasin 4.000
-construction atelier 4.000
-construction école de 4 classes 4.000
-réfection et aménagement de 5 bât. 22.000
-réfection du réservoir d'eau 1.000
-construction d'une fontaine 1.200

LUS : -construction du bureau 3.500
-réfection garage + magasins +
construction pont 2.000
-construction forge/atelier soudure 1.800
-réfection gîte de passage 2.200
-réfection maison conservateur 18.700
-réfection maison adjoint 2.200
-réfection pavillons touristiques 12.000
-réparation aux digues, canal, chambres
de visite, conduite forcée 1.900
-réfection de l'ensemble du camp 105.000
-construction corps de garde + annexe 2.000
-construction d'une fontaine 1.200
-construction de 14 P.P. (x 3500) 49.000
-construction d'une école de 6 classes 5.000

KAY : -réfection maisons cadres/enseignants 4.000
-construction 4 maisons travailleurs 4.500
-construction nouveau camp personnel 27.000
-réfection maison conservateur 18.600
-réfection maison adjoint 2.200
-construction école de 6 classes 5.000
-installation d'une fontaine 1.200
-réfection bureau administratif 2.000
-construction garage/atelier + pont 4.000
-transformation des pav. touristiques 3.000
-construction 3 pavillons + sanitaires 13.000
-transformation centre d'accueil 2.000
-construction 17 P.P. (x 3500) 59.500

LUB : -réfection/aménagement bureau
coordination 4.000
_______ _______

389.900 51.300
c) Fourniture d'équipement et de matériel


Degré de priorité

1 2

KUN : -80 équipements de brousse (x 220) 17.600
-160 tenues (x 200) 32.000
-24 tentes + moustiquaire (x 200) 4.800
-2 malles cantine (x 350) 700
-panneaux solaires + chargeurs de batteries 5.900
-éolienne, réservoir, canalisation 7.200
-1 jeep Toyota LC 32.000
-3 motos Yamaha 125 cc (x 2500) 7.500
-80 vélos + pneus de rechange (x 180) 14.400
-2 canots + 2 moteurs HB 25 CV (2 x 6000) 12.000
-1 phonie mobile 4.000
-5 phonies fixes + panneaux solaires
(x 7500) 37.500
-6 motorola + chargeur + antenne (x 600) 3.600
-1 congélateur grande contenance 1.800
-1 moulin à maïs 1.700
-équipement météo pour 2 stations 4.400
-1 rondavel touristique Z.A. 6.000

PNU : -matériel développement touristique dans Z.A. 16.200

LUS : -95 équipements de brousse (x 220) 20.900
-190 tenues (x 200) 38.000
-28 tentes + moustiquaires (x 200) 5.600

KAY : -80 équipements de brousse (x 220) 17.600
-160 tenues (x 200) 32.00I0
-34 tentes + moustiquaires (x 200) 6.800

PNU : -2 turbines + 2 alternateurs 27.900
-2 pompes à eau + 2 tableaux 17.600
-câblerie + matériel électrique 3.500
-plomberie + matériel sanitaire 12.300

LUS : -paratonnerres 4.200

PNU : -4 stations météo 8.800
-4 machines à coudre (x 200) 800
-2 moulins à maïs (x 1700) 3.400
-2 tireforts, 2 postes à souder 8.900
-2 frigos-congélateurs 3.600
-achat d'outillage 3.300


LUS : -1 jeep Toyota LC 32.000
-1 jeep Suzuki 20.000
-2 motos Yamaha 125 cc (x 2500) 5.000
-50 vélos + pneus de rechange (x 180) 9.000
-réparation du camion et du tracteur 45.000
-2 canots + 2 moteurs HB 25 CV (x 6000) 12.000

KAY : -1 jeep Toyota LC 32.000
-1 jeep Suzuki 20.000
-2 motos Yamaha 125 cc (x 2500) 5.000
-2 canots + 1 moteur HB 25 CV 3.500
-40 vélos + pneus de rechange (x 180) 7.200

PNU : -5 phonies fixes + antennes + panneaux
solaires (x 7500) 37.500
-2 phonies mobiles (jeeps) (x 4000) 8.000
-12 motorola + chargeurs de batteries
(x 600) 7.200
-matériel de protection des cultures 3.000

LUB : -1 jeep Toyota LC 32.000
-1 phonie fixe + pan. solaire + antenne 7.500
_______ _______

602.900 98/700



d) Autres frais


- frais de mission d'un technicien pour un inventaire
précis des travaux à réaliser et des commandes de
matériels et matériaux; planification des chantiers
(6 ho/mois x 5000) 30.000

- frais globaux d'une brigade routière comprenant
l'achat du matériel lourd (camions, tracteurs,
remorques, etc.), de l'outillage et des frais de
personnel 2.350.000

- frais de mission d'un technicien pour l'installation
de l'ensemble du matériel de communication et la
formation du personnel (2 ho/mois x 7000) 14.000

- frais d'une mission d'étude pour le développement du
tourisme dans les zones annexes du PNK et PNU
(2 ho/mois x 5000) 10.000

- frais de départ pour réactiver les cantines et les
dispensaires des 3 stations (x 2000) 6.000
- frais globaux d'une brigade de génie civil comprenant
l'achat du matériel, de l'outillage et les frais de
personnel 1.000.000

- mission exploratoire pour la réouverture éventuelle de
l'ancienne piste Gécamines dans le secteur sud du PNU
(2 ho/mois x 2000) 4.000

- frais de survol aérien (150h/an x 4 ans x 420 ECU/h) 252.000

- fonds de réserve pour primes d'encouragement pour
gardes 11.200

- frais globaux pour 3 assistants techniques durant
4 ans (100000 x 4 + 80000 x 2 x 4) 1.040.000

- 3 logements AT x 10000 30.000

- 3 jeeps Toyota LC x 32000 96.000

- frais de fonctionnement 3 jeeps Toyota
(13000 x 3 x 4) 156.000

- bureau + mobilier + équipement 15.000

- 3 phonies mobiles pour jeeps Toyota (x4000) 12.000

- 3 motorola (x 600) 1.800

- matériel de recherche scientifique 40.000

- frais globaux personnel d'appui zaïrois 220.000

- frais de mission hors Parcs 150.000

- réserve pour mission d'experts (6 ho/mois x 7000) 42.000

- frais de publication 50.000

- réserve et imprévus 100.000
_________

5.530.000








e) Récapitulation des coûts par secteurs


Degré de priorité

1 2

- Pistes, ponts, bacs, layons, etc. 610.000 106.900

- Réfection et construction de bâtiments 389.900 51.300

- Equipement, matériel, véhicules, etc. 602.900 98.700

- Coûts globaux brigade routière 2.350.000

- Coûts globaux brigade génie civil 1.000.000

- Personnel du projet 1.660.000

- Frais de missions diverses 250.000

- Survols aériens 152.000 100.000

- Equipement et fonctionnement personnel 300.800 100.000

- Autres frais et réserve 117.200
_________ _______

TOTAL 7.441.800 456.900

GRAND TOTAL : 7.898.700 ECU = 6.432.166 US$


F. AGENDA DES ACTIVITES




Années I II III IV

Trimestres 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4


1 Mission d'identification du type de matériel et d'outillage à commander, de préparation de l'organisation des chantiers et de complément à la présente étude : durée de 6 mois le plus rapidement possible.

2 Etablissement du calendrier d'achat du matériel et engagement des trois experts; mise au point du programme de formation sur le terrain et du programme de recherches scientifiques avec l'IZCN : 6 mois avant I1.

3 Arrivée du personnel du projet et de leur matériel de fonctionnement : I1.

4 Programmation des opérations et rédaction d'un plan d'action conjointement avec l'IZCN : I1 + 2.

5 Arrivée du matériel du projet, engagement du personnel d'appui : I1 + 2.

6 Phase opérationnelle de la brigade routière et de la brigade de génie civil (l'organisation et le calendrier de chantiers seront établis sous le point 1 ci-dessus) : I2 à IV2.

7 Formation des gardes : I1 à IV4.

8 Formation de techniciens : I3 à IV4.

9 Programme de recherche scientifique, formation d'homologues : I2 à IV4.

10 Mission du technicien en communication : I2.

11 Mission de développement touristique dans zones annexes : I4.

12 Mission exploratoire réouverture avec piste Gécamines : I3.

13 Evaluation duprojet par consultant extérieur et IZCN : II4 ou III1.

14 Evaluation finale du projet par consultant extérieur et
IZCN : IV3.

15 Rapports d'activité : I2, I4, II2, II4, III2, III4, IV2, IV4.

OUVRAGES DE REFERENCE


COMPERE, P. & SYMOENS, J.J. (1987) : Bassin du Zaïre. in : Répertoire des zones humides et lacs peu profonds d'Afrique. M.J. Burgis & J.J. Symoens, eds.
ORSTOM, Coll. Travaux et Documents 211. pp. 425-433.

DE WITTE, G.F. (1953) : Reptiles. Exploration du PNU. Mission G.F. de Witte. Fascicule 6. 322 pp. IPNCB.

DE WITTE, G.F. (1966) : Introduction. Exploration du PNU. Mission G.F. de Witte. Fascicule 1. 123 pp. IPNC.

DROOP, S. (1989) : The botany and vegetation of the high plateaux of Shaba. Report to WWF. Mimeo 6 pp.

DUVIGNEAUD, P. (1958) : La végétation du Katanga et de ses sols métallifères. Bull. Soc. Roy. Bot. Belg. 90 : 127-186.

EAST, R. (1990) : Antelopes Global survey and regional action plan. Part 3. West and Central Africa. Chap. 24 : Zaïre. pp. 126-138. IUCN. Gland.

FRECHKOP, S. (1941) : Animaux protégés au Congo Belge. Institut des Parcs Nationaux du Congo Belge. Bruxelles. 469 pp.

FRECHKOP, S. (1954) : Mammifères. Exploration du PNU. Mission G.F. de Witte. Fascicule 19. 687 pp. IPNCB.

GOODSON, J. (1988) : Recommandations, Project 105 Environmental Mitigation (Anti-Poaching Operations in the Upemba National Park). Memorandum to USAID Program Office.
17 pp.

HARROY, J.P. (1941) : Les parcs nationaux du Congo Belge en 1939 et 1940. Bull. Agric. Congo Belge. 32(3) : 454-495.

IUCN (1987) : Directory of Afrotropical protected areas. IUCN, Gland. 1034 pp.

IZCN (1982) : Formulaire de proposition d'inscription du Parc National des Kundelungu dans la Liste des Sites du Patrimoine Mondial de l'UNESCO. 22 pp.

IZCN (1982) : Formulaire de proposition d'inscription du Parc National de l'Upemba dans la Liste des Sites du Patrimoine Mondial de l'UNESCO. 29 pp.

IZCN (1988-1990) : Rapports annuels des Stations de Katwe, Kayo et Lusinga.

LIPPENS, L. & WILLE, H. (1976) : Les oiseaux du Zaïre.
Ed. Lannoo, Tielt. 507 pp.

LISOWSKI, S., MALAISSE, F. & SYMOENS, J.J. (1971) : Une flore des hauts plateaux du Katanga. Mitt. Bot. Staatssamml. München 10 : 51-56.

LORIOD, B. (1990) : Parc National de l'Upemba : avant-projet. Miméo 13 pp.

LUKWESA, L. (1977) : Examen des causes de la régression de la faune au Shaba. Léopard 5 : 36-37.

MACKINNON, J. & K. (1986) : Review of the protected areas system in the Afrotropical Realm. IUCN & UNEP, Gland. 259 pp.

MAKABUZA, K. (1973) : Les grands problèmes du Parc National de l'Upemba. Léopard 1 : 28-31.

MALAISSE, F. (1969) : Note à propos de la flore du plateau des Kundelungu. Service de sylviculture et pisciculture Univ. Off. Congo. Publ. n°2.

SCHMIDT, K.P. & INGER, R.F. (1959) : Amphibians. Exploration du PNU. Mission G.F. de Witte. Fascicule 56. 264 pp. IPNCB.

SELIGMAN, N. (1991) : Proposal for the rehabilitation of Upemba and Kundelungu National Parks in Shaba Province, Zaïre. WWF-US. Report to USAID. Miméo 23 pp.

SYMOENS, J.J. (1963) : Le Parc National de l'Upemba : son histoire - son intérêt. in : Colloque sur les problèmes biogéographiques du PNU. Publ. Univ. Elizabethville 6 : 43-57.

VERHEYEN, R. (1951) : Contribution à l'étude éthologique des mammifères du Parc National de l'Upemba. Exploration du PNU. IPNCB. 161 pp.

VERHEYEN, R. (1953) : Oiseaux. Exploration du PNU. Mission G.F. de Witte. Fascicule 19. 687 pp. IPNCB.

VERSCHUREN, J. (1987) : Liste commentée des mammifères des parcs nationaux du Zaïre, du Rwanda et du Burundi. Bull. Inst. Roy. Sc. Nat. Belg. 57 : 17-39.

ANNEXES





1. Ordonnance 75-097 du 1 mars 1975 relative à la délimitation du PNK et au régime applicable dans son périmètre.


2. Ordonnance 75-241 du 22 juillet 1975 relative à la délimitation du PNU et au régime applicable dans son périmètre.


3. Illustrations.


4. Carte de situation du PNU et du PNK au Shaba.


5. Carte du Parc National des Kundelungu et sa région.


6. Carte du Parc National de l'Upemba et sa région.


 


<< Page précédente
Design by McArnolds Group SA | Development and code by AMESIS SPRL